Paris : un couple de dodos ressuscité à l’occasion des 30 ans de la Grande Galerie de l’Évolution, au Museum national d’Histoire naturelle

Cet oiseau a vécu sur l’île Maurice jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Il est l’un des symboles de l’extinction des espèces animales à cause d’activités humaines.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Couple de dodos reconstitués pour la Grande Galerie de l'Évolution, mars 2024. (MNHN / Jean-Christophe Domenech)

Depuis le week-end du samedi 23 et dimanche 24 mars, deux dodos amoureux, l’un à l’air curieux et enthousiaste, l’autre grincheux et méfiant, accueillent les visiteurs de la Grande Galerie de l’Évolution du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, à l’entrée de la salle des espèces disparues. Quoi de plus logique puisque les dodos sont sans doute les représentants de l’une des espèces éteintes les plus célèbres avec les dinosaures. À une différence près, leur extinction fulgurante n’a rien à voir avec un astéroïde, mais tout à voir avec les activités humaines.

Il se sera en effet passé moins d’un siècle entre l'arrivée des Hollandais sur l’Île Maurice en 1598 et la disparition des dodos en 1662. Conséquence non pas tant de la chasse que du débarquement, avec les hommes, des rongeurs qui se régalèrent des œufs des dodos.

Peu de connaissances sur cette espèce

C’est cette histoire que le Museum a voulu raconter en reconstituant deux spécimens de dodos. Mais comment redonner vie à un animal dont on ne sait presque rien ? Dont il ne reste que quelques ossements, de rares peintures et de vagues descriptions d’oiseaux craintifs, patauds et incapables de voler ? Le travail a été confié à un sculpteur, mais tous les moulages de la tête, du corps et des pattes ont été validés scientifiquement. Le Museum laisse tout de même la part belle à la fiction, en choisissant de mettre en scène un couple, puisque, comme l'écrivait Lewis Carroll avec son dodo loufoque, "même si la vie n'a pas de sens, rien ne nous empêche de lui en inventer un". 

Les dodos du Museum ont été conçus pour être le plus fidèles possible à la réalité. Les visiteurs découvriront que ces oiseaux n'étaient d'ailleurs pas si patauds que ça. Peut-être même étaient-ils aussi intelligents que leurs cousins les pigeons, capables de transporter des messages. À cette question, personne ne pourra jamais répondre. Si une entreprise américaine assure vouloir redonner vie aux dodos en injectant dans leur génome celui d'une espèce de pigeon, il est probable que ce projet farfelu en restera au stade de la fiction. Tant mieux, car même si les dodos auraient valu qu'on leur laisse leur chance, on ne peut vraiment ressusciter une espèce éteinte. Et puis il y a aujourd'hui bien d'autres représentants de la faune sauvage à préserver, dont seuls les humains peuvent éviter qu'ils ne viennent rejoindre les dodos de l'île Maurice, dans la déjà trop grande salle des espèces disparues du Museum. Alors on se réveille. Terminé le dodo !

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