Paludisme : la découverte de cette maladie infectieuse sur des restes d'un squelette romain permet d'en savoir plus sur ses origines

Une étude américaine confirme l'hypothèse selon laquelle le paludisme se serait répandu, en Europe à partir de l'Asie, il y a environ 2 000 ans.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les responsables de la santé des services de gestion des moustiques du comté de Sarasota étudient des spécimens de moustiques anophèles responsables du paludisme, à Sarasota, en Floride, le 30 juin 2023. (photo d'illustration) (CHANDAN KHANNA / AFP)

C'est un squelette romain connu sous le nom de Velia-186, au cœur d’une étude américaine et dont se fait l’écho la revue Nature, mercredi 13 mars, qui pourrait permettre d'en savoir beaucoup plus sur les origines du paludisme. Une étude scientifique assez extraordinaire car il est très difficile de trouver des signes de paludisme dans les restes humains anciens. Pour cela, il faut détecter dans ces restes de l'ADN du parasite Plasmodium falciparum, l’espèce la plus mortelle responsable de cette maladie, et jusqu’à présent les chercheurs n’avaient jamais réussi à obtenir de séquence génomique complète sur un squelette d’avant le XXe siècle.

C’est désormais chose faite grâce à Velia-186, ou plutôt grâce à ses dents, qui ont permis aux chercheurs d’identifier plus de 5000 éléments uniques d'information génétique. Selon les chercheurs à l'origine de l'étude, ces résultats sont importants car ils confirment l'hypothèse selon laquelle le paludisme se serait répandu, en Europe à partir de l'Asie, il y a environ 2 000 ans, pendant la dernière période de la civilisation grecque antique, dite hellénistique, une période de forte mondialisation.

Le paludisme reste aujourd’hui l’un des pires fléaux de l’humanité, responsable de plus de 400 000 morts chaque année dans le monde, principalement des enfants de moins de cinq ans. Selon les chercheurs, la découverte des génomes de plasmodes anciens, pourrait révéler des informations sur la manière dont les parasites du paludisme se sont adaptés aux médicaments comme la quinine.

Des régions du monde sont parvenues à éliminer cette maladie

Une découverte aussi qui représente une piqûre, non de moustique, mais de rappel. Se rappeler de ne pas céder au fatalisme, face à une maladie davantage cosmopolite que tropicale, l’une des plus vieilles maladies de l’humanité, mais que plusieurs régions du monde, l’Asie centrale, le Caucase, mais aussi l’Europe, sont parvenues à éliminer grâce à des mesures d’assainissement de l’environnement, après des siècles d’épidémies.

Comme en atteste le squelette Velia-186, mais aussi les mots d’un certain Ronsard, lui-même infecté en 1560 par le paludisme. Ronsard qui se décrivait ainsi dans l’un de ses poèmes, au pic de la maladie : "attendant que de mes veines parte cette exécrable, horrible fièvre quarte, qui me consume et le corps et le cœur et me fait vivre une extrême langueur."

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