Musée Picasso : l'appartement du marchand d'art Léonce Rosenberg recréé dans une exposition

L’exposition présente l’histoire du décor mythique de l’appartement parisien du marchand et galeriste Léonce Rosenberg où étaient exposées des toiles de maître spécialement imaginées pour lui.
Article rédigé par franceinfo
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Une sculpture de l'artiste arménien d'origine géogienne Ervand Kochar (2e à gauche) à côté du tableau "La Barque du Paradis"  de l'artiste français Jean Viollier (à droite) lors de l'avant-première presse de "Dans l'appartement de Leonce Rosenberg, le 29 janvier 2024. (IAN LANGSDON / AFP)

Le musée Picasso de Paris consacre une exposition à Léonce Rosenberg à partir du mardi 6 février. L’exposition intitulée Dans l’appartement de Léonce Rosenberg n’est pas uniquement dédiée à Léonce Rosenberg, promoteur du cubisme et de la peinture abstraite du début du XXe siècle, mais plutôt à son somptueux appartement parisien de 360 mètres carrés dans le 16e arrondissement de Paris. Cet appartement aujourd’hui disparu est reconstitué par le musée Picasso tel que les visiteurs le découvraient dans l’entre-deux-guerres. Enfin presque, un quart seulement environ des œuvres ont pu être de nouveau réunies.

Des œuvres d’art disposées partout dans cet appartement transformé en "œuvre d’art totale". Des œuvres dans chaque pièce, du salon au fumoir en passant par le boudoir de madame et les chambres de ses filles. Un artiste par pièce, Georges Braque, Francis Picabia, Fernand Léger… les "avant-gardes" pour lesquels son chez-lui du 75 rue de Longchamp fut pendant quelques années une sorte de refuge mondain où se pressait le tout-Paris. 

Pourtant on se souvient peu de Léonce Rosenberg mais bien plus de son frère Paul. Il faut dire que Paul, grand ami de Picasso et de Braque avait davantage le sens des affaires, et sans doute un goût plus aiguisé. Ce "découvreur" dont la galerie, ce temple de la beauté, au 21 rue la Boétie, devient celui de l’horreur. Cet autre refuge pour avant-gardistes ayant été transformé pendant la Seconde Guerre mondiale en siège de l’institut d’étude des questions juives, un organe de propagande antisémite. Le sort de la galerie Léonce, fut aussi scellé en 1941, même si déjà à ce moment-là il avait dû se séparer de la plupart de ses œuvres, après avoir été ruiné par le krach boursier de 1929. 

Une très mauvaise réputation

Léonce Rosenberg dont Le Monde écrivait-il y a quelques jours, qu’il était courageux de la part du musée Picasso de lui consacrer une exposition tant il avait mauvaise réputation pour avoir profité en quelque sorte de l’exil forcé pendant la Première Guerre mondiale d’un autre galeriste célèbre, allemand, dont il se serait "approprié" les artistes. Une attitude qui lui a d’ailleurs valu de recevoir un coup de poing en public de la part de Georges Braque à l’hôtel Drouot en 1921. Mais pas un mot de cet épisode dans le dossier de presse du Musée Picasso, qui préfère mettre l’accent sur la décoration de son appartement qui témoigne "d’une conception libre et moderne des arts décoratifs". Un joli compliment, même si l’on ne peut s’empêcher de se remémorer cette célèbre citation de Picasso à propos de la peinture ; "instrument de guerre contre l’ennemi. Et qui ne devait pas être faite pour décorer les appartements."

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