Corée du Sud : des "pierres domestiques" tiennent compagnie aux jeunes générations

Elles sont vendues entre cinq et sept euros pour lutter contre la solitude. Le phénomène des "pierres domestiques" prend de l'ampleur dans le pays. Un besoin de connexion qui est révélateur du sentiment de solitude qui ronge nos sociétés.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le phénomène des "pierres domestiques" prend de l'ampleur en Corée du Sud. Photo d'illustration. (MELISSA ROSS / MOMENT OPEN / GETTY IMAGES)

Vous connaissiez bien sûr les animaux domestiques, et leur version électronique, les Tamagotchi. En Corée du Sud, désormais, ce sont les "pierres domestiques", "pet stone" en anglais, qui tiennent compagnie aux jeunes générations. Les propriétaires de ces pierres les habillent, les décorent, leur peignent des visages, leur donnent de petits noms et achètent même des lits miniatures pour leur repos.

Si le phénomène a vu le jour pendant la pandémie de Covid-19, besoin de contact oblige, il a depuis pris de l'ampleur, au point que des personnalités publiques, notamment des stars de la pop coréenne, ont présenté au public leurs propres rochers de compagnie. Désormais, donc, tout un tas de sites internet commercialisent des pierres de compagnie, mettant en avant leur côté très pratique et leur petit prix. Elles coûtent entre cinq et sept euros.

Déjà des "Pet Rock" dans les années 70

L'idée ne date pas d'hier. En 1975, un Américain, Gary Dahl, après une blague entre copains, avait eu cette idée farfelue de commercialiser des "Pet Rock". Des roches de compagnie que Gary vendait avec un Manuel d'Entraînement comportant ce genre d'instructions : "Si, lorsque vous sortez le rocher de sa boîte, il semble excité, placez-le sur quelques vieux journaux". Les ordres "pas bouger" et "assis" sont plutôt simples à lui faire exécuter. "Au pied" est impossible à apprendre, ce qui est somme toute assez peu étonnant, mais "attaque" est assez facile avec un peu d'aide de l'entraîneur. La commercialisation des "Pet Rock" ne dura que six mois, mais permit à Gary de devenir millionnaire en vendant de simples cailloux.

Depuis toujours, les pierres, que rien n'altère, exercent une immense fascination sur les humains. Et bien des sociétés leur accordent des vertus et des pouvoirs, comme dans les Andes où les Aymaras qui les considèrent comme vivantes, certains fermiers les élevant un peu comme des enfants. La différence étant que les fermiers Aymaras ne les commandent pas sur internet, mais les ramassent sur les chemins. Sans doute, trouveraient-ils d'ailleurs assez étrange qu'on les habille comme des humains, qu'on leur dessine des yeux ou une bouche comme s'il fallait absolument qu'ils nous ressemble pour établir une connexion. Un besoin de connexion qui en dit sans doute beaucoup du sentiment de solitude qui ronge nos sociétés.

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