Au service des hommes mais pas sans conséquences : retour sur l’histoire de l’autoroute A1
Qu’elle s’appelle du Nord ou Paris-Lille, l’autoroute A1 a commencé à voir le jour en 1950, même si les tout premiers projets remontent aux années 1930. Pendant sa construction, qui aura duré 17 ans au total, "il fallut poser des barbelés. Car les gens venaient, le dimanche, visiter le chantier du siècle. L'ambiance était formidable. C'était le Far West", relate le journaliste Jean-François Gintzburger dans un livre.
L’A1 est la première autoroute à avoir relié la capitale à une métropole française, étalant son bitume en coupant à travers champs, expropriant les agriculteurs, ce qui ne fut pas le plus difficile, car, pour sa construction, il a aussi été nécessaire de tracer son sillon à travers la Seine-Saint-Denis, très urbanisée, en détruisant au passage une partie d’un édifice militaire et un quartier ouvrier, puis d’étendre ses bras jusqu’à Paris, sur le tracé de l’ancienne voie royale par laquelle les dépouilles des Rois de France arrivaient à la Basilique de Saint-Denis, une avenue aussi large que les Champs-Élysées. Les habitants de la Plaine-Saint-Denis, les "Plainards" comme on les appelait, ont été sacrifiés pour une 4 fois 4 voies. "Huit voies de bagnoles", comme le déplorait Abel Tissot au Parisien en 2015, habitant emblématique de Saint-Denis qui regrettait sa "pauvre plaine bousillée par ce ravin inhumain, cette tranchée dévastatrice".
1,5 milliard d’euros pour 50 km
Longue de 211 kilomètres, desservant le stade de France, le Bourget, Roissy, le Parc Astérix et traversant la Picardie jusqu’à Lille, l’A1 est l’autoroute la plus utilisée d’Europe. Chaque jour environ 100 000 véhicules l’empruntent dont plus d’un tiers de camions. Elle est responsable de la plus forte pollution au dioxyde d’azote en Île-de-France, juste derrière la porte d’Auteuil.
Une histoire de bénéfices mais aussi de coûts, 1,5 milliard d’euros pour construire seulement 50 kilomètres de tronçon. Coûts, bénéfices et risques car les autoroutes en particulier et les routes en général facilitent les déplacements et les échanges mais transforment tout, les paysages, la flore, la faune, jusqu’à l’être humain. Après tout, l'homme n'est-il pas devenu sédentaire au moment où des routes, en pierre ou en rondins de bois, commençaient à se construire, bien avant le macadam et l’asphalte ? De nouvelles routes bien tracées pour aller, comme l’écrivait Romain Gary, "toujours plus loin, c'est-à-dire nulle part".
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