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Agriculture : les éleveurs sont les grands perdants de la hausse des prix du lait, selon une étude

La Fondation pour la nature et l'homme s’est penchée sur la répartition de la valeur dans le secteur laitier conventionnel. Les prix des produits laitiers ont augmenté de 50% en 20 ans et ce n'est pas au profit des agriculteurs.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le prix du lait a augmenté de plus de 50% en 20 ans et les agriculteurs n'en voient pas la couleur. Photo d'illustration. (LIONEL LE SAUX / MAXPPP)

La bouteille de lait est de plus en plus inégalitaire selon une étude de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH)  publiée lundi 27 novembre avec le cabinet d'analyses Le Basic. Selon ce rapport la bouteille de lait demi-écrémé d’un litre ne coûtait que 55 centimes d’euros hors taxes il y a 20 ans, et à l’époque près de la moitié de ce prix retombait dans la poche de l’éleveur, soit 25 centimes.

Aujourd’hui elle coûte bien plus cher : 83 centimes d’euros mais elle ne rapporte plus à l’éleveur que 24 centimes. En clair son prix a augmenté de plus de 50% mais les agriculteurs n’en ont pas vu la couleur. Et il n’en va absolument pas de même pour les distributeurs et l’industrie agroalimentaire qui sur la même période enregistrent respectivement des hausses de + 188% et + 64% de leurs marges. Les fromages plaquettes de beurre et autres produits laitiers ont subi à peu près le même sort selon la FNH.

Enfin ce sont surtout les éleveurs qui subissent. Leurs revenus annuels dépendent aujourd'hui à 84% des subventions publiques sans lesquelles ils ne peuvent plus vivre. Et pour financer ces subventions les consommateurs passent deux fois à la caisse, une première fois en finançant ces subventions (1,5 milliard d’euros par an) et une seconde fois en achetant les produits laitiers (17 milliards de chiffre d’affaires).

Les temps ont bien changé depuis l’époque des bouteilles de lait consignées en verre de la première moitié du XXe siècle. Désormais il est bien difficile de savoir ce que devient le lait une fois qu’il a quitté la ferme. Il est collecté par camion puis mélangé avec d’autres laits, standardisé, divisé en une multitude de sous-produits au point qu’on ne sache plus trop comment les prix sont fixés. Si ce n’est que le marketing et la publicité pèsent lourd désormais dans ce prix, déconnecté de la qualité du lait produit à la ferme. S’il y a toujours beaucoup d’éleveurs, les acheteurs en face ne sont plus très nombreux, trois entreprises dont Lactalis concentrent à elles seules 68% de la fabrication du lait conditionné.

Quelque 20% des agriculteurs sous le seuil de pauvreté

Pour sortir par le haut de cette situation, le rapport préconise de rendre obligatoires les règles de fixation des marges par les industriels et les distributeurs, mais aussi de subventionner davantage les petites entreprises aux bonnes pratiques, les filières biologiques et AOP, les seules à assurer un prix du lait supérieur aux éleveurs, celles qui privilégient l’accès au pâturage en lieu et place d’une alimentation à base de maïs et de soja. Tout un système à repenser donc selon l’ONG qui dresse le constat d’un modèle ayant largement échoué, condamnant malgré l’inflation 20% des agriculteurs à vivre sous le seuil de pauvreté, sans que les politiques publiques semblent en prendre de la bouteille.

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