Russie : un "visa idéologique", pour échapper aux "orientations néolibérales destructrices" et aux "valeurs sataniques"
Cela faisait déjà plusieurs mois qu'on en parlait à Moscou, l'oukaze a finalement été signé par Vladimir Poutine en août et vient d'entrer en vigueur le 1er septembre. La Russie propose désormais un visa de résidence pour les étrangers qui partagent ses valeurs spirituelles et morales traditionnelles.
Ce visa, de trois ans dans un premier temps, sera accordé sans test de langue ni test de culture russe comme c'est le cas quand vous voulez venir vous installer en Russie : il suffira de dire que vous vous opposez à votre pays, qui impose des "orientations idéologiques néolibérales destructrices". En clair, dans le contexte russe, cela signifie que vous vous opposez au mariage homosexuel, à tout ce qui peut ressembler au féminisme, à la critique de la religion, etc... et que vous vous estimez persécuté dans votre pays et que vous demandez donc l'asile politique à la Russie.
"Quitter l'enfer français"
Le ministère russe des Affaires étrangères doit publier la liste de ces pays "destructeurs de valeurs traditionnelles", mais on en a déjà une idée : cela devrait concerner les citoyens américains, canadiens, ceux de l'Union européenne (donc les Français, entre autres). Vladimir Poutine dit que nous faisons la promotion de "valeurs sataniques". En revanche, ce visa idéologique ne sera pas accessible aux Chinois ou aux Afghans, par exemple.
On ne sait pas encore quelles seront les modalités précises pour l'obtention du document. Il y aura probablement un entretien, un engagement à signer. Reste que dans la communauté française à Moscou, où on est souvent très pro-Kremlin aujourd'hui, on considère que c'est une excellente nouvelle, qui va permettre à des Français de quitter "l'enfer" qu'est devenu la France : c'est ce qu'on peut lire sur les réseaux sociaux. Pour autant, venir s'installer en Russie dans le contexte actuel, même avec ce nouveau visa, reste très compliqué. On n'a pas de chiffres officiels sur les Français, les Occidentaux plus généralement, qui font ce choix. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas massif.
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