Le Marion Dufresne : le bateau océanographique le plus grand d'Europe
Ce bateau bien équipé est le seul moyen d’atteindre les terres australes
françaises. Des scientifiques sont actuellement à bord dans l’océan indien sud
pour effectuer des missions telles que le suivi acoustique des baleines ou les
tremblements de terre sous-marins, ou encore le programme phare : les carottages
des sédiments en eaux profondes.
Tout l’équipage s’est mobilisé sur le pont du bateau pour offrir à France info
toute la diversité du travail fourni à bord tant par les scientifiques que par l’équipe
technique.
Alain Mazaud, paléo-climatologue au LSCE (Laboratoire des sciences du climat et de
l'environnement), est le chef de la mission actuelle "indien sud 2".
Il nous explique les missions et le circuit du bateau et notamment l’importance
de l’étude des carottages des sédiments pour comprendre le phénomène du climat, sachant que la mer recouvre 70% de notre planète terre. On a ainsi découvert que lorsque les calottes glacières étaient
importantes, le niveau de la mer était plus bas de 120 mètres ! C’est dire l’importance de la surveillance du climat et de la fonte des
glaces.
Bernard Lassiette est le commandant du navire exploité par CMA CGM,
affrété par les terres australes et antarctiques françaises, et mis à
disposition des institutions telles que l’IPEV (Institut Paul Emile Victor)
connu comme l’institut polaire. Il nous explique qu’avec son équipage d’environ
40 personnes, il assure la navigation dans des météos quelques fois sévères. Les quarantièmes rugissants pouvant donner des vents supérieurs à 150 km/h.
Claire Lo Monaco revient chaque année avec une équipe pour constater l’évolution
du CO2 et les échange entre l’atmosphère et l’océan.
Françoise Cardou et sa collègue ont été relevées à bord du Marion
Dufresne. Elles reviennent de Kerguelen où
elles sont restées isolées pendant 14 mois, pour y observer l’évolution de
la faune et la flore. Pour éviter la prolifération d’espèces invasives
importées par l’homme, un programme de bio protection est mis en place.
Jean-Yves Royer est chercheur au CNRS à Brest. Il met en place "des
hydrophones" pour enregistrer les bruits des activités sous marine
volcaniques et sismiques, ainsi que le suivi des baleines bleues.
Surprise de cette mission, ils ont pu entendre des craquements d’icebergs en
antarctique à 2.000 kms plus au sud, ce qui donne des informations sur le
réchauffement.
Bernard Olivier est ingénieur au CNRS. Avec cinq personnes de son équipe, il
assure la logistique de tous les matériels.
Ivan Réaut de l’institut polaire, nous explique la technique des
carottages, une difficile mise en place surtout lorsque qu’on va chercher des
échantillons à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Le bateau devant
rester particulièrement stable.
Nicolas Caillon s’occupe à l’aide du laboratoire embarqué des premières analyses
des carottes et explique comment (notamment avec la couleur venant
de la concentration des planctons) il peut reconstituer le climat d'il y a
quelques millions d’années.
Romuald Bellec s’occupe de la logistique et de l’approvisionnement du
bateau et des sites scientifiques les plus reculés.
Enfin, Gilbert Duval, médecin urgentiste vit enfin sa passion : la
mer, après avoir passé sa carrière en milieu hospitalier. Il dispose "au
cas où" d’un bloc opératoire et assure le suivi et l’urgence d’un
rapatriement éventuel dans la région.
Si vous voulez revivre la marche de l’empereur et découvrir ces paysages
encore protégés avec ses milliers de manchots, et ces millions d’oiseaux, le Marion Dufresne accepte quelques touristes à
bord. Mais il y a peu de places,
l’agence "Grand nord grand large" qui le commercialise offre également des possibilités de
croisières polaires en compagnie de scientifiques au Spitzberg l’été et en antarctique l’hiver
Annexes
Il existe également des carottes de glaces effectuées qui, elles,
déterminent la composition et l’évolution de l’atmosphère. Il ne fait aucun
doute pour Jean Jouzel, chercheur du climat qui avec le GIEC a reçu le prix Nobel de la paix, que l’homme
est bien responsable du réchauffement climatique sur terre lors de l’observation
durant ces 200 dernières années. Il y a urgence
à réagir si nous voulons éviter des catastrophes climatiques et donc
financières et sociales.
Peu d’endroits au monde abritent encore des
populations animales de l’importance de celles des Taaf : manchot
empereur, grand albatros, manchot royal, éléphant de mer, otarie d’Amsterdam,
pétrel géant, skua, gorfous, sternes…qui se comptent par milliers suivant les
saisons et les espèces.
Les Taaf ont créé en octobre 2006 une réserve
naturelle couvrant une superficie d’environ 700.000 hectares
dans les îles subantarctiques. Cette réserve est de très loin la plus grande de
France. En protégeant les écosystèmes terrestres et marins exceptionnels des
Kerguelen ou de l’archipel Crozet, elle permettra aux chercheurs de continuer à
mener des travaux essentiels pour la connaissance et la protection de la
biodiversité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.