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Textile : un an après le drame du Rana Plaza, peu de progrès

Le matin du 24 avril 2013, un immeuble s'effondre à Dacca, capitale du Bangladesh. Ce sont 1.135 personnes qui sont tuées et 2.000 blessées, principalement des ouvriers du textile. Le bâtiment abritait plusieurs entreprises du secteur. Près d'un an après les choses changent, mais au ralenti. 
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des indemnisations longues à venir

Pour indemniser les rescapés de l'accident du
Rana Plaza
à Dacca en avril dernier et les familles des victimes, le Bureau International
du Travail (BIT) a mis en place un fond qui doit atteindre 40 millions de
dollars. Les marques sont appelées à y contribuer de façon volontaire. Selon
les sources, ce fond s'élèverait aujourd'hui à 18 millions de dollars,
seulement. Seul le britannique Primark a effectivement versé de l'argent, 640
dollars par personne. Malgré l'appel des syndicats et des ONG, de nombreuses
marques refusent encore d'y participer, parmi lesquels Carrefour et Auchan, qui
nient tout lien avec les ateliers du Rana Plaza. Certains réclament qu'on aille
encore plus loin, en changeant le droit. "*Aujourd'hui quand un travailleur meurt, sa famille touche 1000 dollars,

  • explique l'avocate Sarah Hossain. Pour éviter qu'un tel drame se reproduise il
    faut faire payer plus cher le coût d'une vie humaine."

La sécurité en voie d'amélioration, mais... 

Après la catastrophe, les marques européennes
et américaines ont mis en place l'Accord et l'Alliance, deux équipes
d'ingénieurs chargées de mener des inspections de sécurité dans les 4000 usines
textile du Bangladesh. Elles ont démarré en février. Avec les inspections
menées par le gouvernement, sept usines en tout ont du être fermées. Avec des
conséquences diverses. "On doit
veiller à ce que les salariés continuent d'être payés pendant trois mois
",
insiste Roy Ramesh, du syndicat IndustriALL. Pas toujours facile, côté patrons
: "Ca peut atteindre un demi-million
de dollars, et si on a pas la trésorerie ?
s'interroge Vidiya Khan, directrice
de Desh Garment Limited et membre du BGMEA
. Même si l'Accord peut nous prêter
de l'argent, on ne saura pas dans quel délai le rembourser ni à quel taux
d'intérêt."

Des salaires augmentés

En novembre 2013, le salaire minimum a
augmenté de 77% à 5300 takas par mois pour un travailleur du textile, soit 51
euros environ. "Mais les loyers ont
augmenté de presque autant dans la foulée,
précise Amirul Haque Amin, du
syndicat NGWF
. On est loin du salaire qu'il faudrait pour vivre décemment. "
Un salaire estimé à 100 euros par les représentants des salariés. Autre limite
: les marques refuseraient de prendre leur part dans cette hausse. "Pour 30 centimes qu'il aurait fallu obtenir,
nos clients occidentaux nous ont concédé trois centimes au mieux
",
s'indigne Vidiya Kahn, patronne de Desh Garmen Ltd. Les syndicats et ONG en
appellent eux, à une pression de la part des consommateurs, seuls à même selon
eux d'influencer les groupes occidentaux. "En acceptant de payer dix centimes de plus, les consommateurs
pourraient changer la vie des travailleurs
", estime Roy Ramesh.

Les syndicats encore peu respectés

Quelque 150 syndicats se seraient créés dans
les usines textiles, depuis l'effondrement du Rana Plaza. Mais pour exister,
une organisation doit représenter au moins 30% du personnel en termes
d'adhérents. "Une règle contraire à
celles de l'OIT
", précise un syndicaliste, qui pointe, lui, les
difficultés au quotidien dans son entreprise Super Shine Apparel ltd. "Les managers nous mettent sans arrêt la
pression, psychologiquement, parfois physiquement. Je touche un salaire bien
inférieur à ce que je devrais toucher, raconte Alauddin Sherkhan. Mais depuis
la création du syndicat en février dernier, nous avons enfin notre jour de
congé hebdomadaire.
"

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