Le prix de la désobéissance selon le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof
Avec "Le Diable n'existe pas", Mohammad Rasoulof défie une nouvelle fois le régime iranien.
À n'importe quel moment, Mohammad Rasoulof peut être arrêté pour purger la peine d'un an de prison à laquelle il a été condamné en Iran, pour propagande contre le régime.
Le Diable n'existe pas, (There is No Evil), son dernier film, a reçu l'Ours d'or à Berlin en 2020. Bien placé pour savoir ce qu'il en coûte de dire non, Mohammad Rasoulof filme quatre histoires dont le thème commun est la peine de mort. Au moins 246 personnes ont été pendues en 2020 en Iran, parfois pour de simples délits.
"En Iran, les femmes sont en première ligne dans le combat contre les injustices."
Mohammad Rasoulofà franceinfo
La vie très banale d'un bourreau bon père de famille, les angoisses d'un soldat à quelques heures d'une exécution à laquelle il doit participer, des secrets de famille qui resurgissent dans des campagnes reculées, le cinéaste filme des personnages hantés par leur responsabilité individuelle quand il s'agit de désobéir, ou pas. Des récits à la mise en scène implacable, où les femmes ont un rôle essentiel.
Madres paralelas de Pedro Almodóvar
C’est le 7e film de Penélope Cruz avec Pedro Almodóvar. Pour lui, elle a accouché dans un bus, dans En chair et en os, joué une religieuse atteinte du sida, dans Tout sur ma mère, et même interprété la mère adorée du cinéaste, dans le très autobiographique Douleur et Gloire.
Cette fois, l'actrice est Janis, qui fait sereinement un enfant seule, contrairement à l'adolescente qui accouche en même temps qu'elle à l'hôpital.
"J'espère qu'on fera encore pleins de films avec Pedro Almodóvar."
Penélope Cruzà franceinfo
Almodóvar, maître des secrets et des récits croisés, tisse une histoire de mensonges sur l'identité des enfants, tout en traitant d'un suje,t ô combien sensible en Espagne, celui des fosses communes où sont encore ensevelies plus de 100 000 victimes du franquisme.
La complicité entre Penélope Cruz et Pedro Almodóvar atteint des sommets et on a très envie que ça dure.
La Fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov
En 2018, Leto, chronique de la scène rock soviétique des années 80, nous avait enchantés. Kirill Serebrennikov revient avec La Fièvre de Petrov, qu'il a tourné de nuit, entre les audiences du procès kafkaïen que lui a infligé le régime russe. Toujours interdit de voyager librement, le réalisateur résiste de belle manière aux brimades poutinesques.
Son film est une virée hallucinatoire et très alcoolisée dans la Russie d'aujourd'hui et celle des années 70, au gré du degré de fièvre de son personnage principal. Petrov, atteint par un mystérieux virus, tousse sans cesse, et sans masque, part en virée dans un corbillard, s'engueule avec la mère de son fils dont il est séparé, tandis qu'elle se transforme en super héros qui zigouille ceux qui la dérangent.
C'est aussi virtuose que déroutant, notamment les plans séquences, et on retient avant tout que dans cette Russie-là, personne ne s'écoute, et que malgré les coups tordus du régime, la créativité de Kirill Serebrennikov est intacte.
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