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"I Comete", chronique d'un été en Corse

Le premier long-métrage de Pascal Tagnati est un OVNI attachant, qui raconte la société corse, via le portrait d'un village en vacances.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
"I Comete" de Pascal Tagnati. Les grandes vacances en Corse. (5A7FILMS LOTTA FILMS)

I Comete, le titre du film de Pascal Tagnati, veut dire en corse "les comètes", référence aux personnages qui y passent et se croisent, en laissant forcément une trace derrière eux.

Nous sommes dans un village corse non identifié, même si, en vrai, il s'agit de Tolla, sur les hauteurs d'Ajaccio. La saison, c'est l'été, soit le moment des vacances quand la population du lieu augmente. Et des scènes de discussion s'enchaînent, toutes, à quelques exceptions près, tournées en plans fixes. On parle de tout et de rien, on se confie, on se dispute parfois, on rigole, on pleure. Des instants de vie très réalistes, à la fois liés entre eux et autonomes, orchestrés par le réalisateur, Pascal Tagnati. 

"Du moment qu'on met en scène autant de personnages, avec autant de points de vue différents, dans un temps si condensé, forcément il y a quelque chose qui raconte la Corse, mais c'est une conséquence, ce n'est pas un but."

Pascal Tagnati, réalisateur

à franceinfo

"J'aime insister dessus, parce que je parle beaucoup de moi, ajoute le cinéaste, mais si je parle de moi, conséquemment je parle de la Corse. Elle fait partie de ce que je suis. Donc oui, ça raconte quelque chose de la Corse, en tous cas d'une Corse qui est à ma hauteur, à échelle humaine. Une Corse qui est plus conforme au concret que je vis depuis que je suis tout petit. Ce sont des gens ordinaires, je traite l'ordinaire."

Grâce à son dispositif et ses comédiens pour la plupart non-professionnels, "I Comete" parvient à saisir un instantané de la Corse et de sa société, sans naïveté ni réquisitoire, pour un résultat attachant, inclassable et forcément singulier.

Ogre : conte fantastique et thématiques sociales

On quitte les montagnes corses pour la campagne du Morvan. Là où vient s'installer Chloé, institutrice et mère célibataire du petit Jules, enfant solitaire et malentendant. On comprend rapidement qu'elle a choisi de fuir un père et mari violent. Très attendue par les habitants du village, elle s'intègre peu à peu à leur communauté, mais des phénomènes inhabituels et inquiétants surviennent : un enfant disparaît, le bétail est attaqué, son fils a des visions terrifiantes la nuit, et le médecin qui la séduit n'inspire pas forcément confiance.

Le film s'appelle Ogre, et son réalisateur, Arnaud Malherbe, s'inscrit dans la vague récente du genre fantastique à la française, soit en prise avec des thématiques sociales comme les violences conjugales, le handicap ou le harcèlement scolaire. Vue dans plusieurs films récents de Cédric Klapisch ou la fausse télé-réalité humoristique La Flamme, la comédienne Ana Girardot est très convaincante dans le rôle de Chloé :

"J'aime savoir qu'on va faire du cinéma, qui a une vraie démarche créative, artistique, forte, parce que c'est ce qui me stimule aussi à être sur le plateau, comprendre les enjeux, et les risques qu'on va prendre. J'aime pouvoir passer d'une case à l'autre, je détesterais être confinée uniquement dans une seule case. C'est ce qui me plaît, c'est pouvoir changer de masque, de déguisement... Faut que je puisse changer."

Et s'il manque peut-être un petit quelque chose pour que Ogre séduise totalement et effraie davantage, les comédiens et les choix techniques, sur la lumière ou le son par exemple, parviennent à lui donner ses qualités et même une forme de poésie.

Murina : récit d'émancipation 

Présenté en juillet dernier au Festival de Cannes d'où il est reparti avec la Caméra d'or, Murina, réalisé par la croate Antoneta Alamat Kusijanović, raconte l'émancipation de Julija, femme en devenir, en butte à l'autorité paternelle, qui trouve du réconfort lorsqu'elle plonge dans l'eau du magnifique archipel des Kornati. Des images souvent sublimes et une belle histoire féministe et sensuelle.

Deux derniers films enfin à vous conseiller cette semaine, d'abord le documentaire espagnol, Qui à part nous, de Jonas Trueba, qui au long de ses 3h45 prend le temps de dresser le portrait de jeunes Madrilènes pendant les cinq ans de leur passage d'adolescents à adultes.

Et dans un tout autre genre, la comédie Un talent en or massif, où Nicolas Cage joue son propre rôle. Le film est hélas assez anecdotique, mais l'idée, excellente, donne lieu à des moments mémorables.

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