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Cinéma week-end. "Yves" : un frigo envahissant

Benoît Forgeard s'amuse avec l'intelligence artificielle. Drôle, mais pas seulement.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
"Yves" de Benoit Forgeard (Le Pacte)

Comédie, vaudeville, film sociétal et musical, Yves coche de nombreuses cases dont celle d'un absurde pas si absurde que ça. Yves est un frigo connecté, doté d'une intelligence artificielle, qui arrive dans la vie de Jerem, William Lebghil, rappeur en herbe, coaché par un Philippe Katerine aussi bras cassé que lui. Produit placé en test, ce fribot va vite faire plus qu'organiser les repas de Jerem, il s'immisce dans sa vie sentimentale et musicale, au point de booster sa carrière.  

C'est un film d'anticipation, mais la poésie passe par l'idée que ça va être vrai

Benoît Forgeard

Benoît Forgeard, très à l'aise quand il s'agit de casser les codes - Gaz de France en 2016, avec déjà Philippe Katerine, proposait une vision complètement dingue de la présidence de la République - s'en donne encore à cœur joie.

Mais le loufoque sert la réflexion sur notre époque où les objets pensants envahissent nos existences quand l'intelligence artificielle formate à outrance la musique et le cinéma. Philippe Katerine, dont le parcours artistique témoigne d'un intérêt très modéré pour la culture geek, porte un regard forcément décalé et poétique sur ce frigo robot.  

Teen Spirit de Max Minghella

C'est dans l'air du temps, le succès des émissions comme The Voice inspire le cinéma. Ici, c'est la jeune et très "bankable" Elle Fanning qui endosse le rôle de la cosette qui rêve de devenir star de variétés.

Ado prolo émigrée polonaise, Violet traîne son désespoir et ses chansons tristes dans des bars minables où personne ne l'écoute chanter. Quand elle s'inscrit au télé-crochet Teen Spirit, elle commence à croire au conte de fées. Coachée par un ancien chanteur d'opéra des Balkans devenu clochard et alcoolique, Violet arrive en finale du concours, et cette aventure rapide la propulse sur les montagnes russes des émotions adolescentes.

Sur un thème archi rebattu Max Minghella suit la recette : des hauts et des bas, l'illusion d'un amour factice, la férocité d'une manager de musique...Dommage qu'après un début prometteur son film marche autant dans les clous.   

Beau joueur de Delphine Gleize

En 2016, l'Aviron bayonnais remporte le championnat de Pro D2 et rejoint le Top 14, élite du rugby français. Le début de saison est catastrophique, c'est à ce moment-là que Delphine Gleize commence à filmer l'intimité d'un groupe, persuadée que cette bande d'hommes virils mais fragiles va réaliser un casse et parvenir à se maintenir.

Le film se passe essentiellement dans les vestiaires, sur le bord du terrain, dans le bus et les stades d'entraînement. On y parle la langue sans filtre, courante dans les équipes qui jouent leur survie, et il est beaucoup question d'en avoir ou pas, du courage, de l'abnégation et des attributs masculins qui vont avec.

Ça peut paraître redondant mais la personnalité de l'entraîneur, Vincent Etcheto, les failles de ces joueurs aux corps meurtris par ce sport ô combien exigeant, et les échecs à répétition, donnent à Beau joueur l'élégance quasi-fitzgéraldienne des vaincus. Même si on connaît l'issue, on se surprend à espérer que le film racontera l'histoire d'une victoire, comme quoi, c'est dans la défaite qu'on fait les meilleurs récits.                

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