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Cinéma week-end. "Si Beale Street pouvait parler", black is beautiful !

Barry Jenkins, oscarisé en 2017 pour "Moonlight",  enrichit la culture noire américaine de sa vision très artistique.  

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
"Si Beale Street pouvait parler" de Barry Jenkins (TATUM MANGUS / ANNAPURNA PICTURE)

 C’est la première fois qu'un roman de James Baldwin est porté à l'écran, ce film est un dialogue à travers le temps entre deux artistes noirs confrontés au même mal américain, le racisme ; ici celui dont est victime un jeune de Harlem accusé à tort d'un crime qu'il n'a pas commis.

Une jeune fille noire peut penser en couleurs saturées, brillantes, vibrantes, c'est le point de vue esthétique du film

Barry Jenkins

Fonny et Tish sont jeunes, beaux, purs, ils s'aiment depuis l'enfance, vont avoir un bébé quand l'injustice s'abat sur eux. Le réalisateur Barry Jenkins raconte l'histoire depuis le point de vue de la jeune fille, à l'opposé du militantisme d'un Spike Lee, son arme c'est l'amour, la beauté. Black is Beautiful valant tous les slogans politiques, renvoyant aux suprématistes blancs la laideur de leur âme.

Si dans Moonlight on avait adoré l'originalité de la mise en scène, elle est plus classique ici, mais Barry Jenkins reste un esthète, il explique le sens de ses choix formels.   

Pearl est le premier film d'Elsa Amiel

Beauté très particulière puisqu'il s'agit d'une culturiste qui écume les concours de bodybuilding. Pearl, jouée par Julia Föry une championne suisse de la discipline, est rattrapée par son passé quand son ex déboule en pleine compétition accompagné d'un fils qu'elle n'a pas voulu garder. 

C'est un univers qui nous dépasse, j'ai voulu aller chercher l'humain dans ce corps

Elsa Amiel

Dans ce milieu étrange, la réalisatrice s'interroge sur ce corps androgyne, cette montagne de muscles dont elle révèle la féminité, la beauté, en le captant de près. On découvre cet univers méconnu, un peu dérangé d'abord puis fasciné, comme le fut Elsa Amiel.     

Un grand voyage vers la nuit du chinois Bi Gan, hypnotique

La beauté pure, la magie du cinéma, une invitation au lâcher prise, ne cherchez pas à comprendre et faites ce voyage onirique sur les traces d'un homme qui revient dans sa ville natale, celle du réalisateur, hanté par le souvenir d'une femme aimée.

C'est une expérience, en entrant dans la salle on vous donne des lunettes 3D mais le premier panneau quand débute la séance vous informe qu'il ne s'agit pas d'un film en 3D, mais qu'il suffit de faire comme le personnage principal.

À mi-parcours de sa quête, il entre dans une vieille salle de cinéma, dans une friche industrielle et met ses lunettes 3D, là, on fait comme lui et commence un plan séquence d'une heure, complétement fou, du Fellini asiatique, on est dans son rêve et franchement, c'est du jamais vu.              

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