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Cinéma week-end. Le vaudeville politique d'Olivier Assayas

"Doubles vies" est une réflexion sur la révolution numérique pimentée de crises de couples.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Doubles vies" d'Olivier Assayas (Ad Vitam Films)

Olivier Assayas a ce mérite, son œuvre est une quête de sens dans un océan de banalité cinématographique. Et à ce titre Doubles vies a l'ambition de nous faire réfléchir sur la révolution numérique, comment elle bouleverse nos existences, jusqu'à l'intime.  

En France, quand il y a du social dans un film, on utilise le terme politique, qui n'est pas approprié, il faut faire revenir le politique dans le cinéma

Olivier Assayas

On est dans le milieu de l'édition remué par le numérique

Deux couples Juliette Binoche, Guillaume Canet, et Vincent Macaigne et Nora Hamzawi, belle surprise de ce casting, débattent sans cesse de cette accélération de la vie. Est-ce ce zapping permanent qui pousse les personnages vers l'adultère? Doubles vies pose des questions, se garde bien de trancher et Olivier Assayas revendique une approche politique bien rare en France.     

Ayka du russe Sergey Dvortsevoy

Pour le coup, du cinéma social pur jus, jusqu'à la limite du supportable. Ayka, jeune kirghize sans papiers abandonne son enfant à la naissance, pourchassée pour des dettes par la mafia, elle enchaîne des boulots atroces, se vide de son sang, le cinéaste ne nous épargne rien, certes il a le mérite de montrer la déshumanisation en Russie, et son actrice, Samal Yeslyamova, a obtenu, pour son incroyable incarnation de la résilience, le prix d'interprétation à Cannes. 

Une jeunesse dorée d'Eva Ionesco

Eva Ionesco qui nous avait touchés avec My little princess en 2011, nous agace là au plus haut point. Avec son compagnon l'écrivain Simon Libérati au scénario, Isabelle Huppert et Melvil Poupaud devant la caméra, elle veut nous raconter les années Palace. Exercice de style autobiographique dans le Paris déglingué des années 80, cette jeunesse dorée surjoue l'ennuie, la décadence, c'est boursouflé et prétentieux. 

Holy Lands d'Amanda Sthers, n'est pas un chef d'œuvre

Mais ce film nous donne l'occasion de voir à l'écran un monstre sacré d'Hollywood. James Caan est Harry, médecin retraité, juif athé, qui plaque tout aux Etats-Unis pour s'installer à Nazareth où il élève des porcs. Personnage égocentré, vieux provocateur, il laisse derrière lui des enfants au pathos lourd et une ex, Rosana Arquette, condamnée par un cancer.  

J'ai dit un jour à un studio, j'ai une idée dingue, faire un film avec un début, un milieu et une fin

James Caan

Dans ce trop-plein brouillon de situations et d'émotions, il n'aurait fallu garder que l'histoire d'amitié entre Harry et son voisin rabbin, mais on se délecte de voir James Caan à l'écran, le corps meurtri par une jeunesse casse-cou : football américain, rodéo, karaté, cascades.

A 78 ans il porte en lui un cinéma disparu : Inoubliable dans Le Parrain de Coppola, il a tourné avec Howard Hawks, Billy Wilder, Sam Peckinpah, Richard Attenborough et regarde l'époque actuelle avec la même lassitude que son personnage dans Holy Lands.                     

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