Cinéma week-end. "Josep" du dessinateur Aurel et "Billie", documentaire de James Erskine
Au sommaire cette semaine, "Josep", film d'animation du dessinateur Aurel et un documentaire inédit sur la chanteuse américaine de jazz disparue en 1959, Billie Holiday.
Josep, film d'animation du dessinateur Aurel, pour Josep Bartoli, dessinateur, né à Barcelone en 1910, membre actif de la République espagnole, et jeté sur les routes par la victoire de Franco. De 1939 à 1941, il est interné dans plusieurs camps, de l'autre côté des Pyrénées, où les perdants de la guerre civile sont traités comme des sous-hommes par les autorités françaises.
Aurel raconte cette histoire en mêlant fiction et réalité, il passe par le personnage d'un vieil homme qui au soir de sa vie, raconte à son petit-fils, comment, à l'époque, gendarme dans ces camps, il a aidé Josep. Les dessins de Josep disent avec une puissance terrible l'enfer de cet enfermement, et le film prend plusieurs formes, sous le crayon du créateur et de son sujet illustre qu'on suivra jusqu'au Mexique où il croise Frida Kahlo après son évasion. Entre image animée et dessin pur, Aurel évoque mémoire et transmission.
Le documentaire de la semaine, c'est "Billie" de James Erskine
Au panthéon du jazz, Billie Holiday tient une place à part. Voix unique qui a bouleversé des générations de fans, elle était totalement ce qu'elle chantait. Le succès et la gloire n'ont jamais pris le dessus sur les souffrances, de son enfance miséreuse à Philadelphie à sa mort en 1959 à seulement 44 ans, Billie Holiday a connu, la prostitution, l'alcool, la drogue, la violence des hommes et surtout le racisme américain qui ne l'a jamais lâchée.
James Erskine raconte ce destin tragique en utilisant des documents exceptionnels : les enregistrements audio d'interviews réalisées par Linda Lipnack qui travaillait sur une biographie de la chanteuse. Elle même morte dans des circonstances douteuses, en 1978, a fait parler Count Basie, Charles Mingus, d'anciens compagnons de cellule de Billie Holiday, et même les policiers qui l'ont traquée.
Dans "Billie" on voit de magnifiques photographies de la star, délicatement colorisées, et on est au plus près d'une femme libre, artiste hors norme, qui quand elle chante Strange fruit en 1939 fait scandale. Ces fruits étranges qui pendent aux branches des arbres dans le sud des États-Unis ce sont les corps pendus des noirs lynchés, et devant lesquels les suprématistes blancs se prennent en photo. C'est bien une Billie éternelle et terriblement contemporaine que nous montre James Erskine.
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