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Cinéma week-end. "Jamais contente" et "The fits", deux teen movies réussis

Émilie Deleuze et l'américaine Anna Rose Holmer auscultent avec délicatesse la pré-adolescence de deux jeunes filles.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Lena Magnien dans "Jamais contente" (Ad Vitam Distribution)

On n'attendait pas Émilie Deleuze dans deux registres de genre: la comédie et le teen movie. Jamais contente est une belle surprise, qui confirme que les glissements du cinéma d'auteur ne peuvent qu'enrichir les autres domaines. Celle qui n'est jamais contente, c'est Aurore, personnage emprunté à la romancière Marie Desplechin.

 

A 13 ans elle n'aime rien, désespère ses parents

Aurore manie un langage percutant dont elle ne maîtrise pas le sens. Elle découvre les premiers émois amoureux, qu'elle peut chanter dans un groupe de rock, qu'un prof de français peut la réconcilier avec les études, étonnant Alex Lutz, bref, une ado aussi insupportable qu'adorable.

Aurore c'est l'image du petit roquet qui attaque les chevilles

Emilie Deleuze

Émilie Deleuze n'est pas la fille de son philosophe de père pour rien, tout a du sens dans son film, et si ça sonne aussi juste, c'est aussi que son casting sauvage a trouvé une perle : Léna Magnien, petite ingénue dont la rockitude donne à Jamais contente une saveur décalée, on a parfois l'impression de voir Patti Smith, adolescente, à l'écran.

Anna Rose Holmer a choisi un personnage encore plus jeune

Toni n'a que 11 ans, et là aussi, le casting a fait un miracle : aux États-Unis, la très jeune Royalty Hightower est déjà une star. Toni vit à Cincinnati dans la communauté noire, et suit son frère à la salle de boxe où elle met les gants et cogne fort. Mais elle est attirée par ce qui se passe dans la pièce d'à côté, où s'entraînent des filles de son âge à une discipline inconnue en France : le drill, une danse hip hop survitaminée, qui emprunte à la boxe et donne lieu à des battles dignes de la capoera brésilienne.

"The fits", les convulsions, représentent la part inexpliquée de devenir une femme

Anna Rose Holmer

Dans ce film très stylisé, où l'image et le son disent le bouillonnement intérieur de ces gamines, les mots sont rares, tout est physique, passe par le corps, jusqu'à un point de rupture. The Fits, ce sont les convulsions qui font tomber mystérieusement les gamines. Anna Rose Holmer réussit d'autant mieux son film, qu'elle filme à hauteur de ces filles troublées par leur âge, elle montre, donne à ressentir, sans expliquer.

Born to Be Blue, quelques mois dans la vie de Chet Baker

On se quitte en musique pour vous vous dire qu'en cette semaine surabondante, vous pouvez aisément éviter le catastrophique The Last Face de Sean Penn, tout comme La Grande Muraille qui plait trop au régime chinois pour ne pas être suspect, en revanche la performance d'Ethan Hawke en Chet Baker dans Born to Be Blue de Robert Budreau vaut le détour.

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