André Dussolier tire les ficelles dans "Le grand jeu", prix Louis Delluc du premier film
C'est le cas d'un père démuni face au djihadisme dans Les cowboys que défend Reda Kateb dans sa séance de rattrapage; une jeune chanteuse tunisienne face à la dictature de Ben Ali dans A peine j'ouvre les yeux au programme de la semaine à venir; et puis un écrivain marginal impliqué, entre Paris et la Corrèze, dans de sombres règlements de comptes politiques dans Le grand jeu qui vient de sortir dans les salles.
Le grand jeu : un vrai polar politique **
Dans Le grand jeu , long métrage qui vient d'obtenir le prix Louis Delluc du premier film, le cinéaste Nicolas Pariser nous propose une immersion dans les coulisses du pouvoir, sur les pas d'un écrivain désenchanté et en panne d'inspiration, incarné par Melvil Poupaud, approché par un homme de l'ombre des cabinets ministériels, incarné lui par André Dussolier qui veut en faire l'un des rouages d'une sombres manipulation impliquant un groupuscule altermondialiste retranché en Corrèze.
Si quelques affaires bien réelles ont clairement inspiré le cinéaste - comme l'affaire du groupe de Tarnac ou l'affaire Boulin - il s'en libère largement pour signer un vrai polar politique, au rythme un peu inégal, mais aux dialogues brillants, porté surtout par un regard singulier et rare dans le cinéma français sur les arcanes du pouvoir, sur un monde certes désespérant mais réel et vivant, comme le souligne André Dussolier : "On a l'habitude d'entendre les hommes politiques faire des discours attendus, ce qui explique peut-être la désaffection pour le monde politique, on peut presque finir leurs phrases, alors que dans ce film, on pénètre dans une zone qu'on connait mal, on est dans la réalité de ce qui se dit et ce qui se fait, donc tout à coup la politique devient une zone vivante à laquelle on n'a jamais accès, et c'est ce qui fait l'intérêt de ce film."
La séance de rattrapage de Reda Kateb **
Le comédien Reda Kateb, qui sera à l'affiche début janvier de Arrêtez-moi là , se prête au jeu de la séance de rattrapage et vous conseille de ne pas manquer le film de Thomas Bidegain, Les cowboys , à l'affiche depuis maintenant un mois, film aux allures de western moderne qui met en scène la longue traque à travers le monde d'un homme à la recherche de sa fille partie faire le djihad, film qui a séduit Reda Kateb car il évite les clichés : "Le chemin narratif de ce type d'histoire est balisé par mille clichés, et savoir raconter cette histoire à hauteur d'homme est une vraie gageure, donc lorsque c'est réussi, ça me touche."
Le programme de la semaine à venir dans les salles **
Il y aura encore mercredi prochain sur les écrans nombre de personnages confrontés à la folie du pouvoir sous toutes ses formes :
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pouvoir inféodé aux marchés financiers dans The big short, le casse du siècle , très bon film de braquage sur fond de crise des subprimes aux États-Unis,
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pouvoir corrupteur de l'argent dans Au-delà des montagnes du chinois Jia Zhangke ,
- pouvoir dictatorial enfin de Ben Ali en Tunisie dans A peine j'ouvre les yeux , de Leila Bouzid, très beau portrait d'une chanteuse rebelle sous l'ère Ben Ali donc, période qui, pour la jeune cinéaste tunisienne, a été trop vite oubliée après la révolution : "C'est important de ne pas passer trop vite sur la période Ben Ali parce que, à force de passer trop vite sur cette période, elle revient. Je suis d'ailleurs très triste parce que des amis cinéastes et peintres viennent d'être condamnés à un an de prison ferme pour avoir fumé un joint. C'est une loi liberticide qui était appliquée sous Ben Ali et qui continue d'être utilisée. Après la révolution, on a fait comme si tout était résolu, mais tout n'est pas résolu, et c'est important d'en parler."
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