Pieter Elbers évincé de KLM
Pieter Elbers, emblématique patron de KLM, ne sera pas reconduit pour un troisième mandat consécutif. Il paie ses divergences de vues avec le canadien Ben Smith, directeur général d'Air France-KLM.
Cette fois, le divorce est acté et marque la fin d’un long bras de fer entre deux hommes qui ne s’appréciaient guère. À 51 ans, Pieter Elbers, emblématique PDG de KLM, puissante filiale néerlandaise d’Air France, va quitter son poste au plus tard en mai 2023, à l’issue de son deuxième mandat.
Cette semaine, le conseil d’administration et le conseil de surveillance du groupe Air France KLM ont en effet décidé à l’unanimité de ne pas le reconduire dans ses fonctions après 9 ans passés à la tête de KLM, et plus de 30 ans, au sein de la compagnie néerlandaise.
Son éviction est un coup de théâtre
Elle met au grand jour, les divergences stratégiques qui l’ont opposé à Ben Smith, depuis son arrivée à la direction générale d’Air France KLM à l’été 2018. Et s’il est promis à Pieter Elbers un poste chez Delta Airlines, ce départ risque de faire des vagues aux Pays-Bas, au regard des compétences et des résultats du dirigeant néerlandais.
Sous son règne, KLM a toujours réalisé de meilleurs résultats financiers que sa consoeur d’Air France.L’an dernier, KLM a même été la première à retrouver un résultat d’exploitation positif. Mais dans le même temps, Pieter Elbers s’est toujours opposé à la volonté de Ben Smith de multiplier les synergies entre Air France et KLM au nom d’une meilleure efficacité économique.
Guerre des chefs
Le patron néerlandais incarnait la garantie du maintien d’une certaine autonomie de sa compagnie vis-à-vis de sa maison mère française. Preuve de ces très fortes tensions, dès 2018, KLM avait refusé l’entrée de Ben Smith au conseil d’administration de la compagnie batave. Ben Smith s’était lui opposé à la nomination de Pieter Elbers au poste de directeur général adjoint du groupe, avec la responsabilité de plusieurs domaines stratégiques.
En 2019, les autorités néerlandaises ont même lancé une opération boursière secrète pour s’adjuger 14 % du capital d’Air France-KLM au même niveau que la participation française. Finalement, c’est la crise sanitaire qui a changé la donne et fait définitivement pencher la balance.
Dans l’incapacité de rembourser ses prêts à court terme, Air France a vu l’État français la renflouer à coup de milliards d’euros et augmenter sa participation dans le capital à plus de 28%.
Le coup de grâce a été donné à la mi-décembre, avec la méga commande de 160 Airbus pour équiper les flottes d’Air France, de Transavia, mais aussi de KLM. Une commande groupée à laquelle le patron de KLM s’était toujours refusé. Cette fois, Ben Smith a les mains les libres vers une intégration plus poussée des deux compagnies.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.