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Joséphine Baker était aussi aviatrice

Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker est entrée au Panthéon, à Paris, la nécropole des Grandes Femmes et des Grands Hommes. Cette femme à la vie extraordinaire, meneuse de revue, résistante contre l’oppression nazie, combattante face au racisme et à l’intolérance, fut aussi aviatrice. 

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Joséphine Baker (1906 - 1975) ici en 1945. L'artiste de music-hall, agent secret au service du contre-espionnage français, obtient son diplôme de pilote en 1935, et fera partie des Forces Aériennes Françaises Libres. (ULLSTEIN BILD DTL. / ULLSTEIN BILD / GETTY IMAGES)

Le mardi 30 novembre 2021, Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon,  pour y rejoindre les grandes figures de l’histoire de France. À l’évocation de son nom, on pense naturellement à l’artiste de music-hall, à la résistante contre l’oppression nazie, à la militante antiraciste. C’est moins connu, Joséphine Baker fut aussi aviatrice, ce qui lui a ouvert les portes des Forces Aériennes Françaises Libres. 

Piloter, un rêve réalisé en 1935

C’est sur biplan école français un Caudron C.270 Luciole que Joséphine Baker a appris à piloter en 1935. Un rêve qu’elle a longtemps caressé, après l’apprentissage de la conduite automobile 10 ans plus tôt. Ce 11 mai 1935, la presse s’en fait largement l’écho. En première page du journal Le Matin, un court entrefilet informe les lecteurs que "Mademoiselle Joséphine Baker a pris sa première leçon de pilotage sur l’aérodrome de Guyancourt aujourd’hui disparu à l’ouest de la capitale." 

 La nouvelle sera très largement reprise dans la presse. "Combien je préfère l'avion à l'auto", s'exclame-t-elle. Son instructeur, un certain Monsieur Demay, constate son sens de l’air, sa précoce maîtrise de l’aéronef. 

"Tous les mouvements nécessaires à ses envols et à ses atterrissages lui venaient comme spontanément, par réflexe... Elle avait l’instinct de l’air, le sens du vent."

Quelques mois plus tard, Joséphine Baker obtient son brevet de pilote de l’aéro-club de France en 1935. Et ce n’est pas un caprice de star, mais une véritable passion. Joséphine Baker vole, dès qu’elle en a l’occasion.

Infirmière pilote secouriste de l’air 

Puis la guerre éclate. Joséphine Baker choisit de rester en France et de se battre contre l’Allemagne nazie. Elle entre dans la Résistance. L’artiste de music-hall, adulée par la France entière, devient agent secret au service du contre-espionnage français. En danger, elle est exfiltrée par la France Libre, et rejoint naturellement les rangs des Forces Aériennes Françaises Libres, peu après avoir rencontré le général de Gaulle à Londres. Elle servira au grade de sous-lieutenante en tant qu’IPSA, c’est-à-dire Infirmière Pilote Secouriste de l’Air.  

Joséphine Baker (1906 - 1975), ici le 29 août 1933. L'artiste de music-hall, agent secret au service du contre-espionnage français, elle obtient son diplôme de pilote en 1935, et fera partie des Forces Aériennes Françaises Libres. (KEYSTONE / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Au retour d’une mission à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle est victime d’un accident. Le Caudron C.440 Goéland des Forces Aériennes Françaises Libres à bord duquel elle a pris place, s’abîme au large des côtes françaises.  

Sauvée après un crash d'avion, elle ne pilotera plus jamais

Les occupants de l’avion ne doivent leur survie qu’à un bataillon de tirailleurs sénégalais qui ont vu l’accident et se sont précipités pour les sauver. Deux d’entre eux périront dans leur acte héroïque. Joséphine Baker ne touchera plus jamais à un manche.  

Il est évident que Joséphine Baker est entrée au Panthéon pour son action d’espionne dans la Résistance et pour sa lutte contre le racisme. Mais c’est aussi la première femme aviatrice qui accède au sein des saints de la République française. Ni Saint-Exupéry, ni Roland-Garros, malgré des demandes répétées, n’y ont eu accès.    

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