737 MAX : un ancien pilote de Boeing inculpé par la justice américaine
Un ancien pilote d’essais de Boeing, premier inculpé pénalement dans l’affaire du 737 MAX, est accusé d’avoir induit en erreur le régulateur de l’aviation aux États-Unis.
S’il est reconnu coupable, Mark Forkner, 49 ans, cet ancien pilote d'essais de Boeing, premier inculpé pénalement dans l’affaire du 737 MAX, risque théoriquement jusqu’à 100 ans de prison.
La justice américaine a tranché
Elle a inculpé, il y a quelques jours, un ancien pilote d’essais de Boeing, accusé d’avoir fourni à la FAA, l’Aviation civile américaine, de fausses informations, erronées, lors du processus de certification du 737 MAX qui ont indirectement conduit à la perte deux appareils à en octobre 2018, puis en avril 2019, faisant au total 346 victimes. Mark Forkner, 49 ans, est accusé de n’avoir rien dit au régulateur des difficultés à piloter l’avion au simulateur, lors d’un important changement effectué sur le logiciel de commandes de vol en 2016, ce fameux système anti-décrochage.
Boeing a déjà reconnu sa responsabilité dans la manipulation des autorités, et accepté en janvier dernier de verser plus de 2,5 milliards de dollars pour éviter certaines poursuites. Dans cette affaire, Mark Forkner est la première personne poursuivie pénalement. Cet ancien pilote d’essais doit se sentir bien isolé, bien seul, comme le jour où il a dû approuver le dispositif anti-décrochage du 737 MAX.
Il avait peut-être le choix de dire non, de faire part de ses doutes mais la survie du programme, l’avenir de Boeing et de son propre avenir professionnel en dépendaient très certainement. La pression qui a pesé sur les épaules de Mark Forkner était énorme face aux nombreux retards accumulés par Boeing face à l’A320 NEO.
Pressions économiques
Dans cette affaire, les pressions économiques ont joué un rôle déterminant dans la certification du MAX. Elles ont montré la dérive des relations entre la FAA et l’avionneur américain, l’excès de confiance. Plusieurs garde-fous ont sauté, lorsque la FAA, faute de personnel suffisant a délégué à Boeing de plus en plus de tâches liées à la certification. On l’a vu lors de la remise en ligne du 737 MAX, fin 2020, la FAA est aujourd’hui beaucoup moins indulgente.
En attendant, c’est bien cet ancien pilote d’essais qui se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés. Il n’est pas le premier, avant lui en France, il y avait eu l’ancien ingénieur Henri Perrier, pour l’accident de Concorde, ou Bernard Ziegler, pour celui l’A320 du Mont Saint-Odile.
Simples maillons d’un système défaillant, ils ont finalement été mis hors de cause, mais la justice française n’est pas la justice américaine. Saura-t-elle faire preuve du même recul face à un fleuron de son industrie ?
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