C'était comment ? La banlieue, la grande oubliée
La banlieue s'échauffe tous les soirs, l’interpellation violente du jeune Théo est devenue une "affaire"... et les politiques sont quasiment muets. À l’Assemblée nationale, malaise. Nathalie Bourrus y était.
C’était… le grand silence. Assourdissant, sur les quartiers. Sur les cités, qui chaque soir bougent et s’enflamment. Sur ce qui est désormais devenue "l’affaire Théo", comme on la nomme dans la presse. Sur ce qui ne doit, surtout pas, devenir une "affaire", dans la bouche des politiques.
"Enfin, écoutez, on n’est pas là pour jouer les pompiers de service ! Les politiques ne sont pas là, pour suivre la meute !" Moi : "La meute ? Quelle meute ?" L’homme, un député de gauche, bifurque. Car la meute, ce serait qui ? Ce serait nous, les journalistes une fois encore, les grands responsables. De quoi ? Ben disons... de tout. J’avais oublié qu’en fait, c’est moi qui en allant à Bobigny lundi a sans doute dû rallumer le feu. Mais oui mais oui, mea culpa.
Ce serait même gravissime de se précipiter dans les quartiers ! Pour faire quoi ? Pour attiser encore ?
un député de gaucheà franceinfo
Moi : "Il y a des candidats à l’élection présidentielle, je crois... Ils ont tous plus ou moins un programme, des choses à dire aux gens... Derrière le périph', il faut peut-être dire des choses aussi ?"
"Mais le politique n’est pas un pompier de service !" achève-t-il.
Dans la salle des Quatre Colonnes de l’Assemblée nationale, je repose ma question : " François Fillon était à La Réunion quand ça chauffait en banlieue. Il ne devrait pas y être ?"
Un député Les Républicains : " Mais écoutez, franchement, Marine le Pen met déjà de l’huile sur le feu !"
Moi : "Mais ce n’est pas un vrai sujet, les quartiers qui souffrent ?" "Mais oui, me dit-il, fatigué... Mais bon..." Moi : "Mais bon... Il va y aller, Fillon, en banlieue ?" "Mais oui, ne vous inquiétez pas... On a deux mois encore !" Une réponse plus qu’hasardeuse... "C’est même indécent cette absence, me glisse un parlementaire de gauche.
En fait, ils ont peur. Tous ! Même Benoît Hamon !
un parlementaire de gaucheà franceinfo
Moi : "Peur... physiquement ?"
Lui : "Mais oui, peur de se faire caillasser"
Moi : "À la fois, ce ne serait pas la première fois"
Lui : "Oui. Mais là, on a des candidats qui ont tout juste des programmes. Certains sont tout juste candidats... Alors se mettre une partie de la population à dos..."
Dans ma tête : ah oui, je me souviens de cette partie de la population... Celle qui devait obtenir un plan Marshall. Ça c’était pour la droite. Ah oui... Celle qui devait voter aux élections locales. Ça c’était pour la gauche. Mais oui, ça me revient : à l’époque, les politiques ne se gênaient pas pour faire du bruit.
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