Présidentielle : le Salon de l'Agriculture, point d'orgue de la campagne ?
Comme dans toutes les campagnes présidentielles, le Salon de l'Agriculture est un passage obligé pour les candidats qui vont à la rencontre des Français. La semaine prochaine, Emmanuel Macron y ira-t-il en président ou en candidat ?
Pour les candidats, c'est simple : le Salon de l'agriculture c'est LA séquence à ne pas rater, celle qui peut inverser les tendances. Lors de la précédente campagne, en 2017, François Fillon avait appris sa mise en examen le matin de sa venue au Salon et l'avait retardée de quelques heures, juste le temps pour la polémique de partir en flèche.
L'outsider Emmanuel Macron avait alors profité de ce flottement pour peaufiner sa présidentialité. Mais une fois élu, Ses visites au salon n'ont pas toujours été simples, à l'image de la dernière en 2020, où des "gilets jaunes" l'attendaient pour l'interpeller. Deux ans plus tard, le président sortant est sur le point de se déclarer candidat.
Viendra-t-il au Salon en président ou en candidat ?
Gaspard Gantzer : Les deux configurations sont possibles. S'il y est simplement en tant que président, il y aura un avantage. C'est qu'il y aura de la concentration médiatique autour de lui. Il pourra continuer à jouer sur l'ambiguïté, comme il le fait depuis quelques semaines. S'il est candidat, ce sera l'occasion pour lui de se remettre en mouvement et de se plonger dans un premier bain de foule.
La visite du Salon est-elle une séquence de communication facile à maîtriser ?
C'est un exercice extrêmement délicat. Parce que c'est très long : plusieurs heures, parfois une dizaine d’heures sur place. Et tout peut arriver à chaque instant. Parce qu'il y a des gens en colère, évidemment, parmi les professionnels. Mais aussi tous ces visiteurs inconnus qu'on ne peut pas vérifier a priori et qui peuvent interpeller à chaque instant le président de la République.
Passage obligé
En 2017, Jean-Luc Mélenchon était le seul candidat à avoir boudé le salon sur le modèle de François Mitterrand, qui ne s'y est rendu qu'une seule fois pour la campagne de 1981, mais jamais ensuite en tant que président. Tous les autres en ont fait un passage obligé dans leur dialogue avec les Français, avec évidemment le champion toutes catégories : Jacques Chirac, qui en trente ans n'a raté qu’une édition à cause d'un accident de voiture.
François Hollande s'en est-il servi à des moments délicats de sa présidence, par exemple pour regagner en popularité ?
Gaspard Gantzer : Il a souvent essayé et je dois reconnaître que ça n’a pas toujours été couronnée de succès. Pourquoi ? Parce que l'hostilité se manifestait beaucoup pendant ces Salons. On a eu des salons très difficiles dans lesquels il y a eu des huées, parfois même des crachats. À chaque fois, François Hollande réussissait à recréer le dialogue. Mais les images, d'un point de vue médiatique, étaient très mauvaises parce qu'on retenait souvent le pire de ces visites.
L'élection présidentielle s'annonce totalement imprévisible. La visite de "la plus grande ferme de France" peut-elle faire basculer la campagne ?
Je ne sais pas si la campagne se jouera intégralement à ce moment-là. En tout cas, ce qui est certain, c'est que le monde rural et agricole est essentiel dans le vote d'avril prochain et d'autre part, c'est toujours l'occasion pour un candidat à la présidentielle de montrer qu'il est populaire et proche des gens.
Lors de sa dernière visite, le 22 février 2020, Emmanuel Macron avait arpenté les allées de la porte de Versailles pendant 12 heures, entre critiques, sifflets et acclamations. Pour le moment, son entourage entretient le mystère autour de son déplacement, technique classique pour en faire un événement médiatique.
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