C'est mon époque. Face à la réduction du nombre d'officines, certains pharmaciens tentent de réagir
Le nombre de pharmacie diminue dangereusement en France. L'idée pour s'en sortir financièrement viendra peut-être d'une pharmacie de l'Aude. Le pharmacien, Marc Alandry, se veut moins vendeur et plus soignant.
Tous les deux jours, une pharmacie ferme définitivement en France. Il faudra aller plus loin encore, selon la Cour des comptes, et passer d’un peu plus de 20 000 à 10 000 officines seulement. Dans un petit village de l’Aude, un pharmacien dit non. Il se bat pour sauvegarder ces pharmacies de premier recours, comme il les appelle, mais on a le sentiment que ce métier est en pleine révolution.
Le village qui résiste c’est Couiza, en plein cœur de l’Aude, avec sa pharmacie, dans la famille Alandry depuis quatre générations. Marc est aujourd’hui à la tête de l’officine criblée de dettes et menacée de fermeture parce que son chiffre d’affaires a encore maigri l’an dernier : -7%. Mais le travail lui ne diminue pas : aide aux personnes âgées, conseils en tout genre, bobos ou pépins plus graves... Et à Couiza comme dans bien d’autres déserts médicaux, le professionnel des premiers soins, c’est le pharmacien.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques parle même du seul professionnel de santé accessible sans rendez-vous, 7j/7 D’où l’idée de Marc Alandry : être rémunéré pour ce temps passé auprès des clients. Selon lui, 2 500 pharmacies mériteraient d’accéder à ce système. Sa pétition a déjà recueilli plus de 40 000 signatures.
Un principe de rémunération totalement nouveau
Depuis une dizaine d’années l’objectif est de réduire les dépenses liées aux médicaments de ville, comme on dit. On les dé-rembourse. Ils reviennent alors 40% plus cher. Du coup, les clients s’en passent et Marc Alandry le sent dans sa pharmacie de Couiza, où le panier moyen est à huit euros avec peu de cosmétiques de luxe.
Mais à l’avenir, les pharmaciens seront sans doute moins des vendeurs et plus des soignants. Déjà depuis quelques semaines ils peuvent réaliser des bilans partagés de médication. Pour les personnes âgées, entre deux consultations médicales, le pharmacien envoie ses remarques au médecin traitant et il est payé de 20 à 60 euros, puis il va bientôt pouvoir vacciner (4 euros l’injection). Les Français ont confiance, selon la dernière étude réalisée il y a deux mois. Ils notent leur pharmacien neuf sur dix et 56% des personnes interrogées sont prêtes à payer 15 euros un dépistage santé réalisé en moins d’une demi-heure dans les officines.
Cela laisse le champ libre aux pharmacies en ligne, championnes des petits prix, même si la contrefaçon inquiète, et qui pourraient accompagner l’auto-médication, avec livraison 7j/7 à domicile. Aujourd’hui, ces sites ne vendent pas plus de 2% des médicaments en France, mais 15% déjà en Allemagne.
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