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Plus d'un million et demi de personnes illettrées ont un emploi

Ne pas savoir lire, écrire et compter, c’est la situation de plus d’un million et demi de personnes qui pourtant ont un travail. L’illettrisme, le ministre de l’Economie en a parlé à propos des salariées des abattoirs Gad. Ceux qui sont touchés cherchent souvent à le dissimuler par tous les moyens.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (© Maxppp Plus d'un million et demi de personnes illettrées ont un emploi)

Comment parvient-on à travailler, en 2014, sans savoir correctement lire et écrire ?

C’est le défi que relèvent pourtant chaque jour plus d’un million cinq cent mille personnes en France qui sont en situation d’illéttrisme. Et qui ont un emploi. Les trois quart d’entre eux sont nés en France. Leur langue maternelle est le français. Ce ne sont pas des analphabètes, mais ils ont simplement « oublié » les savoirs fondamentaux.

Le résultat, ce sont des livreurs qui apprennent leurs trajets par coeur. Des employés qui rangent leurs affaires avec des codes couleur. Des trésors d’ingéniosité et des stratégies de contournement très complexes qui font souvent de ces salariés illettrés des travailleurs très efficaces. Et c’est d’ailleurs quand arrive un changement dans l’organisation du travail ou même une proposition de promotion que le pot aux roses est découvert.

 

Frédéric avait travaillé de nuit pendant onze ans dans l’entrepot d’une entreprise de transport frigorifique à Agen. C’est qand on lui a proposé d’évoluer que ses difficultés en orthographe ont commencé à poser problème. Pour diriger, avec des ordres oraux, une équipe de chauffeurs, tout allait bien. C'est quand il a eu une promotion que le besoin de se remettre à niveau est devenu impératif, pour ne plus "écrire comme (on) parle". Des parcours comme celui de Frédéric, on en trouve beaucoup dans l’agro-alimentaire, le bâtiment, les services à la personne, la propreté, l’hôtellerie et la restauration. Ces salariés fâchés avec la lecture et l’écriture n’osent pas parler de leur problème. C’est en leur proposant des formations baptisées « adapation au changement des processus de travail », « santé et sécurité au travail » ou bien « réactualisation des compétences de base » que l’on arrive à leur faire accepter de se remettre à niveau.

 Reste le cas de ceux dont l’illéttrisme est découvert à l’occasion d’un plan social. Jamais détectés, jamais formés par leur entreprise qui a pourtant l’obligation d’adapter ses salariés à leur poste de travail.

L’agence nationale de lutte contre l’illéttrisme estime que les conseillers de Pôle Emploi ne sont pas assez sensibilisés à ce problème et que trop de chômeurs sont pénalisés dans leur retour à l’emploi par ce handicap silencieux. 

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