Le principe de la retraite progressive fait consensus
Une plus grande facilité pour lever le pied à partir de 60 ans en touchant moins de salaire, mais en voyant ses revenus complétés par une partie de sa retraite, c'est ce que prévoit le rapport remis à la ministre du Travail, mardi.
C'est un véritable consensus autour d'une mesure concernant les seniors : l'extension et l'assouplissement de la retraite progressive. Une mesure qui figure dans le rapport rendu mardi 14 janvier à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud et que le Premier ministre et les syndicats soutiennent. C'est la proposition numéro 25 du rapport remis par Sophie Bellon, présidente du conseil d'administration de Sodexo. Étendre le dispositif de retraite progressive aux salariés en forfait jour, aux professions libérales et aux agents publics.
Dans l'esprit, il s'agit de lever le pied à partir de 60 ans en touchant moins de salaire, mais en voyant ses revenus complétés par une partie de sa retraite. Pour, au final, gagner à peu près autant chaque mois. Problème : ce dispositif, créé en 2003, est mal connu, peu utilisé et pas ouvert à tous. En 2018, selon les chiffres de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, seuls un peu plus de 18 000 salariés en ont bénéficié.
La critique la plus récurrente est qu'il n'est pas accessible aux salariés en forfait jour, c'est à dire à quasiment la moitié des cadres. Or, cette idée de décélérer progressivement, quitte à gagner un tout petit peu moins, c'est justement un système susceptible de plaire à ceux qui gagnent le plus et qui ont le plus de responsabilités. Deuxième critique : la retraite progressive, ça n'est que pour les salariés du privé. Le rapport Bellon reprend une proposition émise en décembre par le Premier ministre lui-même. Edouard Philippe, qui s'inscrivait d'ailleurs dans le sillage de plusieurs syndicats, se disait favorable à l'ouverture de la retraite progressive à la fonction publique, en particulier aux enseignants et aux personnels hospitaliers.
Les syndicats veulent un accès au dispositif plus souple
Dans le droit actuel, votre patron peut vous refuser de passer à la retraite progressive. Ce n'est pas dans le rapport Bellon, mais les syndicats veulent qu'on puisse se passer de l'autorisation de l'employeur. Les services du Premier ministre, répondant au journal Dossier familial, précisaient que dans la réforme, l'employeur qui en refusera l'accès devra démontrer que la réduction du temps de travail est impossible, compte tenu de l'activité économique de l'entreprise. Il y aurait donc un droit à la retraite progressive, que l'employeur pourrait contester, mais en apportant la preuve qu'il est impossible à mettre en œuvre...
Gagne-t-on vraiment autant quand on passe en retraite progressive ? Pas tout à fait, mais pas loin. Si on passe à 80% de temps de travail, on touche 92% de son ancien salaire net grâce au complément de la retraite. Si on passe à 60%, c'est 85%. À noter que pendant la retraite progressive, qui peut durer jusqu'à vos 72 ans, on continue aujourd'hui à accumuler des trimestres ou demain, si la réforme est votée, des points.
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