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"Le nombre de suicides dépend beaucoup de la montée du chômage", alerte un spécialiste des risques psycho-sociaux au travail

Jean-Claude Delgènes, auteur de "Le suicide, un cri silencieux" redoute une augmentation des suicides en France à cause de la crise économique provoquée par le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homme à Pôle emploi (illustration). (MARLENE AWAAD / MAXPPP)

C'est le 10 septembre la Journée mondiale de prévention du suicide. Chaque année en France on enregistre 10 000 suicides. Selon Jean-Claude Delgènes, la crise sanitaire et économique risque de provoquer une hausse des suicides. Ce professionnel de la prévention des risques psycho-sociaux au travail vient de publier Le suicide, un cri silencieux, coécrit avec le psychiatre Michel Debout paru aux éditions Cavalier Bleu. 

franceinfo : sur les 10 000 suicides recensés chaque année, combien sont liés au travail ?

Jean-Claude Delgènes : C'est très compliqué de répondre à cette question, parce qu'on sait qu'il y a beaucoup de décès liés aux plans sociaux. Mais vous allez vous donner la mort six ou sept mois après et vous ne serez pas comptés dans les suicides avec imputation professionnelle ou en relation avec le travail. Donc on ne connaît pas à ce jour, parmi les 10.000 morts chaque année, le nombre de suicides liés au travail.

La crise sanitaire et économique a-t-elle pu faire augmenter le nombre de suicides ?

Le nombre de suicides est très affecté par la remontée des licenciements et du chômage, parce que le chômage conduit à une perte d'appartenance, met à dure épreuve les liens familiaux et l'inactivité forcée donne un sentiment d'inutilité qui peut conduire au passage à l'acte suicidaire.

Est-ce que l'éclatement des liens et des lieux de travail peut aggraver la situation ?

Oui, parce que le travail nous permet d'être avec les autres, c'est central dans nos vies. Quand vous êtes loin du collectif, loin de vos semblables vous êtes dans l'isolement. Et les personnes dépressives peuvent être victimes de cet isolement et ça peut les conduire à des passages à l'acte.

Cela veut-il dire que le groupe de travail protège ?

Le collectif est protecteur et c'est une source de créativité, on se forme avec les autres, on puise dans les autres, il y a un échange. Quand c'est remis en question , par le télétravail qui dure trop longtemps, mal géré, ou par le chômage, cela peut conduire à un passage à l'acte.

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