Le conflit de valeur au travail, lié à l’environnement et à l’écologie

À l’heure où le réchauffement climatique inquiète de plus en plus, un nombre non négligeable de salariés estiment que leur travail nuit à l’environnement.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Inventorier des produits chimiques peut être considéré comme dangereux pour un salarié. Une première étude scientifique consacrée au sujet vient d'être publiée. (Illustration) (ANDRESR / E+ / GETTY IMAGES)

Un certain nombre de salariés estiment que leur travail porte atteinte à l'environnement. C’est ce que révèle l’économiste Thomas Coutrot, qui vient de publier la toute première étude scientifique consacrée au sujet.

Pour y parvenir, il a épluché les résultats de la dernière enquête sur les Conditions de travail, réalisée en 2019 par les services statistiques du ministère du Travail. Elle interrogeait 24.000 travailleurs représentatifs. Pour la première fois, on leur demandait, parmi toutes les questions, si leur travail avait des conséquences négatives pour l’environnement. 24% ont répondu parfois. Et 7% "toujours" ou "souvent".  

franceinfo : Qui sont ceux qui disent "toujours" ou "souvent" ?  

Sarah Lemoine : Il s’agit plutôt d’ouvriers et d’exploitants agricoles, plutôt des hommes, peu diplômés, et qui ont un revenu relativement faible. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce sont donc les profils les moins écolos dans les enquêtes d’opinion, qui se sentent les plus concernés par les conséquences de leur travail sur la nature.  

D’après l’auteur, cela renvoie au fait que les tâches polluantes et dangereuses, "le sale boulot" environnemental, est plutôt attribué au sexe masculin, aux moins qualifiés et aux moins rémunérés. Hypothèse renforcée, selon Thomas Coutrot,  par la présence des intérimaires et des travailleurs étrangers. Ils signalent, plus fréquemment que les autres, un conflit un conflit éthique environnemental.  

En général, ces travailleurs sont plus nombreux à déclarer qu’ils ont peur dans leur travail...

Ces travailleurs disent avoir peur pour leur sécurité et pour celle des autres. Ils signalent une forte intensité émotionnelle. Enfin, près de la moitié des travailleurs qui vivent un conflit éthique de cet ordre, jugent leur travail insoutenable. 37% affirment vouloir changer de métier dans les trois ans. C’est 10 points de plus que pour l’ensemble des actifs. 

Quid des salariés qui travaillent dans les bureaux ? 

L’auteur de l’étude s’est penché sur 13 professions d’ingénieurs et de cadres du privé, dont l’activité peut alimenter le consumérisme ou la surexploitation des ressources naturelles, sans que leur santé physique soit directement menacée.

Le résultat, c’est que les salariés ne se distinguent pas vraiment de la moyenne. Seuls 5% pensent que leur travail a des conséquences néfastes pour la nature. Les plus concernés sont dans la communication, le graphisme, le BTP, le marketing. Dans la banque et l’industrie, en revanche, rien à signaler. 

Pour aller plus loin : L'étude détaillée.

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