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L’heure du retour au bureau a-t-elle sonné ?

Depuis plusieurs mois aux Etats-Unis, de grandes entreprises comme Amazon ou Google font machine arrière sur le télétravail.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
En France, "pas de retour au monde d'avant", selon les DRH interrogés pour "C'est mon boulot". Aux Etats-Unis, beaucoup d'employés avaient déménagé à des centaines, voire des milliers de kilomètres pour travailler chez eux pendant et après la pandémie. (Illustration) (LUIS ALVAREZ / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

De l'autre côté de l'océan, aux Etats-Unis, plusieurs grandes entreprises font pression pour que leurs employés reviennent travailler au bureau. Derniers exemples en date, Amazon, Disney, Google et Zoom.

franceinfo : Que pensez de cette machine arrière ? Est-ce que la France va suivre ? 

Sarah Lemoine : Il y a peu de chances que cela se produise. Car le rétropédalage en cours aux Etats-Unis, concerne le télétravail intégral, le "full remote", comme on dit en anglais. Quand le salarié travaille à 100% depuis chez lui, et n’a plus de bureau dans son entreprise.

Après la phase aiguë du covid, de nombreux groupes américains comme Amazon, Google, Apple, Publicis ou Disney ont pérennisé le télétravail intégral. Dans certains cas, les salariés ont pu déménager à des centaines ou à des milliers de kilomètres, avec la bénédiction de leur employeur. Trois ans plus tard, c’est le retour du balancier. Au nom de la créativité et de la productivité, ils sont priés de revenir sur site 2 à 3 jours par semaine.

En France, la situation est différente ? 

Chez nous, le télétravail intégral existe aussi, mais il est minoritaire. La norme, c’est deux jours par semaine. Or, d'après une récente étude de l'OCDE, la productivité d'un salarié est maximale avec un ou deux jours de télétravail. Au-delà, elle a tendance à baisser. Donc la France est déjà dans cette organisation hybride, assez mesurée, que veulent désormais les patrons américains.

Donc le retour au bureau, tous les jours de la semaine, ce n'est pas une option ?

Les DRH que nous avons interrogés, pensent qu'il n'y aura pas de retour au monde d'avant. Le télétravail est plébiscité par les salariés : moins de déplacements domicile-travail, meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Les jeunes en font désormais une condition sine qua non, lors de leur embauche. Enfin, beaucoup d'entreprises ont réduit la taille de leurs locaux. Cela génère de très grosses économies. Et la tendance actuelle n'est pas au retour en arrière.

Pas de rétropédalage, mais des ajustements à venir ? 

Les entreprises continuent de tâtonner face à l'extension ultrarapide du télétravail. En 2019, seulement 3% des salariés télétravaillaient. Deux ans plus tard, ils étaient 22%. Les effets réels ne pourront se mesurer que sur la durée, disent certains DRH. Sur la productivité, le management, l'intégration des nouveaux embauchés, le rapport au collectif de travail, les promotions ou la santé mentale des télétravailleurs.

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