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L'ennui au travail pourrait concerner 30% des salariés français

Vous vous êtes habitués à l'expression "burn out", ce surmenage qui vous fait brutalement "craquer", physiquement et psychologiquement... Il va falloir vous faire au "bore out". Deux livres paraissent à quelques jours d'intervalle pour décrire les ravages de ce "syndrome de l'ennui au travail". Un mal aux conséquences redoutables et qui concernerait pas moins de 30% des salariés français.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Les bullshit jobs sont, littérallement, des jobs à la noix © MaxPPP)

C'est une maladie qui peut prêter à sourire et à un brin d'incrédulité. Et pourtant, quand on réfléchit bien, on connait tous, ou on a tous connu à un moment de notre carrière, autour de soi, dans sa propre entreprise parfois, quelqu'un qui est "sous-employé". Un ou une salarié qui n'est pas victime de surmenage, mais plutôt de "sous-menage". Le bore-out syndrom, qui vient de "to be bored" en anglais, s'ennuyer, est désormais pris très au sérieux.

Sur ces deux livres qui paraissent ces jours-ci pour le décrire, l'un est signé par un médecin, c'est Le bore out , signé par un médecin, aux éditions Josette Lyon. Et l'autre, Le bore-out syndrom chez Albin Michel, est l'œuvre signée par un professeur d'économie, Christian Bourion, qui est un peu "découvreur" du phénomène en France.

On pourrait se dire : "Où est le problème ? Etre payé à ne rien faire, ça n'est pas l'idéal ?"

C'est tout le contraire. Etre payé à ne rien faire, pour la plupart des gens, c'est immoral. C'est la honte, on ne peut pas en parler autour de soi. Et puis, et tous les témoignages rapportés par ces livres le disent, ne pas travailler, ça fatigue ! Les salariés dépossédés de leur travail sont épuisés, ils n'arrivent pas à faire la plus petite tâche qu'on leur confie. Ils se déshabituent du travail. Et les conséquences peuvent être grave. Fatigue chronique, dépression, risques d'accidents cardio vasculaire accrus, et même risques de tentative de suicide.

Et puis l'autre conséquence, c'est qu'au bout d'un certain temps de cette situation, ces "chômeurs avec un boulot" deviennent inemployables.

D'après Christian Bourion, un professeur d'économie qui travaille depuis quatre ans sur le phénomène, 30% des salariés français seraient concernés de près ou de loin par le syndrome de l'ennui au travail ! Et ce chiffre, qui parait très élevé, serait d'après lui conforme à ce qu'on trouverait en Allemagne et aux Etats-Unis.

Où les trouve-t-on ces salariés qui s'ennuient ?

Historiquement dans les métiers de la surveillance, où on est payé à être présent. Mais de plus en plus dans des activités telles que l'informatique, que la puissance de l'ordinateur a vidé de leurs substances. Dans des postes aussi qui résultent de la complexification des entreprises. Des postes de contrôle. Ce qu'un chercheur anglais a appelé les "bullshit jobs", littérallement les jobs à la noix, pour être poli : des jobs qui se sont stratifiés, mais qui au fond ne servent à rien...

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