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Justice : un employeur condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir négligé la sécurité de ses salariés

Le 10 mars 2021, Alban Millot, qui venait d'avoir 25 ans, se tuait en chutant d'un toit sur lequel il posait des panneaux solaires, sans aucun élément de sécurité. Son employeur vient d'être condamné à une peine de 36 mois de prison, dont 18 fermes.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La cité judiciaire de Rennes (Îlle-et Vilaine). (LUCIE AMADIEU / RADIO FRANCE)

"La lourdeur de la sanction me surprend par rapport aux sanctions habituelles, mais elle se justifie par rapport aux éléments du dossier", nous explique Marjorie Weiermann, l'avocate de la famille d'Alban Millot. "C'est un message fort aux employeurs qui négligent la sécurité de leurs employés", dit-elle. Et, en l'espèce, les négligences étaient flagrantes.

Les juges ont retenu l'homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'obligation et de prudence imposée par la loi. Le tribunal correctionnel de Rennes, a donc retenu des circonstances aggravantes. Le chef d'entreprise a fait appel.

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Des conditions de travail dangereuses

Le jeune Alban Millot posait des panneaux photovoltaïques sur le toit d'un hangar à Lieuron, en Ille-et-Vilaine, sans échafaudage, mais aidé par une échelle, alors qu'il ne travaillait dans l'entreprise que depuis trois semaines et qu'il était accompagné par un ouvrier encore plus jeune que lui, de vingt ans. Il ne disposait d'aucun élément de sécurité ni d'aucun équipement de protection individuel. Il a fait une chute mortelle.

Selon l'avocate de la famille, ces manquements étaient habituels. Maître Weierman explique que de nombreuses mises en garde avaient été formulées par des ouvriers, qui quittaient d'ailleurs en nombre l'entreprise. On leur demandait de travailler même s'il neigeait et on leur expliquait qu'il fallait installer l'échelle sur le toit du camion. Par ailleurs, les temps de trajet n'étaient pas comptés dans le temps de travail. Alban Millot avait déjà ainsi fait, selon l'avocate, une journée de 17h44. Les parents de la victime ont d'ailleurs décidé de lancer un collectif contre les morts au travail. Le collectif "Stop à la mort au travail".

La maman d'Alban en est la vice-présidente. Le collectif multiplie les rencontres au ministère du Travail, de la Justice et au Parlement européen. Selon Mathieu Lépine, un professeur d'histoire-géographie qui recense les morts au travail, il y a déjà eu 128 morts depuis le début de l'année 2023. Selon des chiffres de 2019, 790 personnes sont décédées au travail en 2019.

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