"Dans le noir" : quand le handicap devient un atout pour l'entreprise
L'entreprise fête ses dix ans. Née à Paris, elle a désormais pignon sur rue à Londres, à Barcelone et à Saint-Petersbourg. Elle s'enorgueillit de six millions de chiffres d'affaires. Cette PME florissante, c'est "Dans le noir". Des restaurants où les clients mangent dans l'obscurité totale. Et où ils sont servis par des aveugles.
Son fondateur, Edouard de Broglie veut faire de son entreprise un "business case", un cas que l'on étudie dans les écoles de commerce, où il va d'ailleurs souvent raconter son histoire. Il explique aussi aux grandes entreprises qui peinent à recruter six pour cent de handicapés que lui, sans subvention et avec la moitié de son personnel aveugle ou mal voyant, il bat chaque année le chiffre d'affaires de l'année précédente.
"J'ai plutôt moins de problèmes avec la partie "handicapés" qu'avec la partie "valides", parce que j'ai moins de turn-over, plus de gens impliqués. Ces gens-là sont spécialiment impliqués et qu'ils ont développés des qualités particulières, comme la mémoire pour les aveugles. Dans toutes les entreprises on peut avoir besoin de gens très impliqués, attachés à la boîte, avec des qualités spécifiques, une analyse sensorielle... ."
Explique l'entrepreneur. Edouard de Broglie veut surtout, en faisant venir des entreprises dans son restaurant, leur "ouvrir les yeux" : donner envie à d'autres de se lancer dans des systèmes innovants. Casser l'image du handicap au travail et montrer qu'une société privée peut tirer partie des qualités de travailleurs qui, parce qu'on leur laisse enfin leur chance, donnent beaucoup à leur entreprise.
C'est cas de Sarah, "guide-serveuse" depuis quatre ans "dans le noir" : "C'est mon premier boulot rémunéré. On est un peu plus que des serveurs : on reçoit les gens dans le noir total, on est là aussi pour les rassurer, pour discuter avec eux... J'ai toujours été persuadée que, d'accord, on n'est pas comme tout le monde, mais je ne suis pas plus bête qu'une autre, donc, je peux le faire."
Le nombre d'entreprises qui préfèrent payer une taxe plutôt que d'employer des personnes handicapées diminue d'année en année. Mais, dans le même temps, le chômage explose : il a progressé deux fois plus vite chez les handicapés que chez les valides au cours des six dernières années.
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