Chômage de longue durée et formation : quels bénéfices pour les cadres ?

Les cadres inscrits au chômage depuis plus d'un an ont-ils le réflexe de se former ? Comment s'y prennent-ils et pour quels bénéfices ? Décryptage avec Sarah Lemoine.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le réflexe de formation n'a pas été immédiat pour les cadres inscrits au chômage depuis plus d'un an. C'est ce que souligne un sondage de l'APEC et de France Travail, réalisé auprès de 11.000 cadres concernés. (Illustration) (ALISTAIR BERG / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

Une étude conjointe de l'Association pour l'emploi des cadres et de France Travail s'est penchée sur cette question de la formation des cadres inscrits au chômage depuis plus d'un an. 

franceinfo : Que révèle cette étude ? 

Sarah Lemoine : En avril dernier, l'Apec et France Travail ont sondé plus de 11.000 cadres inscrits au chômage depuis plus d'un an. Une trentaine d'entre eux ont aussi été interrogés dans le cadre d'entretiens plus poussés.

Le premier constat, c'est que le réflexe de formation n'a pas été immédiat pour ces hommes et ces femmes – notamment ceux fragilisés par une perte d'emploi involontaire – mais ce réflexe s'est imposé progressivement, au fur et à mesure que la période de chômage s'est allongée, et que les difficultés pour retrouver un emploi ont augmenté. La prise de conscience est là, d'après l'étude. 73% des personnes interrogées pensent que se former est un impératif pendant cette phase transitoire, avec des différences malgré tout, selon l'âge et l'expérience. 

Les actes de formation peuvent-ils être formels ou non formels ?

93% des cadres au chômage depuis plus d'un an indiquent avoir développé leurs compétences, en matière de soft skills, de savoirs techniques, de communication orale, d'outils informatiques, ou de langues étrangères. L'objectif étant de les mettre à jour, d'en développer de nouvelles, de légitimer un savoir-faire déjà acquis, ou bien de développer un centre d'intérêt, y compris en dehors de la sphère professionnelle.

Ce qui est intéressant, c'est que parmi eux, 20% seulement ont suivi une formation formelle, c'est-à-dire qui délivre un diplôme ou une certification professionnelle. Les autres indiquent s'être formés tout seul, via des sites Internet, des newsletters spécialisées, la participation à des ateliers, des conférences, le visionnage de vidéos sur des plateformes d'apprentissage, la lecture d'ouvrages et de magazines spécialisés, ou l'inscription à des formations gratuites en ligne, style Mooc.

"Qu'elles soient formelles ou informelles, toutes les formations sont bonnes, précise Pierre Lamblin, directeur des études à l'APEC. Elles sont un puissant levier de motivation dans une période difficile à vivre.

Quels sont les bénéfices ? 

Ces actes de formation servent à construire un récit, souligne l'étude. Ils sont utilisés pour réduire, masquer ou expliquer la rupture dans le parcours professionnel. 58% des sondés indiquent avoir mentionné le développement de leurs compétences dans leur CV. 42% sur leur profil LinkedIn. Une façon d'anticiper les inquiétudes ou les réticences des recruteurs, face à un trou dans le déroulé de la carrière. 

Lors des entretiens d'embauche, les formations formelles et non formelles valorisent aussi l'attitude volontariste des cadres au chômage. 69% des sondés abordent d'ailleurs le sujet dans cette situation.

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