Ces salariés qui disparaissent du jour au lendemain
Des salariés qui disparaissent du jour au lendemain sans prévenir – et pas seulement des ministres ! – ça arrive de plus en plus souvent dans les entreprises françaises. Le phénomène est très marqué aux Etats-Unis où il porte un nom : le "ghosting".
Ne plus donner de nouvelles. Ne plus répondre aux messages, aux coups de fil. Disparaître, s'évaporer. Se transformer en fantôme, "ghost", en anglais. C'est paraît-il devenu un mode de vie dans la "génération Tinder". Sauf que là, on parle pas d'amour mais de travail. Le "ghosting", aux Etats-Unis, est décrit par de nombreuses enquêtes.
Le ghosting a une bonne raison, autres que culturelles, de s'épanouir : un taux de chômage au plus bas depuis dix-huit ans. Plus d'offres que de candidats. Et en France ? Le ghosting arrive chez nous. Concrètement, c'est par exemple un candidat qui est sélectionné et qui ne vient pas à l'entretien. Ou un autre qui a passé avec succès tous les entretiens, qui est engagé, et qui ne se présente pas le jour de son embauche. Et puis aussi, donc, un salarié qui disparait sans prévenir personne. Et qui ne revient plus.
Abandon de poste
Le réseau social professionnel LinkedIn vient de publier une très bonne enquête sur le sujet. Les grands groupes ne sont pas concernés. Mais Linkedin a recueilli beaucoup de témoignages dans des PME. Selon un responsable d'une entreprise de construction, pas moins d'une nouvelle recrue sur cinq ne se présente pas le premier jour de travail. Les trois quarts ne préviennent pas et moins de la moitié répond aux messages de relance. Dans une maison d'accueil pour personnes handicapées, on affirme que 12 salariés se sont volatilisés depuis un an. "C'est devenu tellement courant que plus personne ne s'inquiète quand quelqu'un disparait" raconte la directrice. Idem dans la comptabilité. On recherche tellement les mêmes profils, des comptables avec cinq à six ans d'expérience que les candidats font monter les enchères. Et rompent le processus de recrutement sans prévenir.
Qui n'a pas été "ghosté" ?
Quitter son travail, c'est un abandon de poste. On est licencié et donc on touche le chômage. Certains disent que c'est un juste retour de bâton : pendant des années, et toujours aujourd'hui, les entreprises ont abusé de leur position dominante sur le marché du travail. Qui n'a pas été laissé sans nouvelles, sans réponse après un entretien d'embauche ou une discussion engageante avec un recruteur ? Qui n'a pas été "ghosté" par une entreprise ? Dans certains métiers, le rapport de force est désormais du côté du salarié. Il ne faut pas s'étonner qu'à son tour, il plaque sans égard la mariée qui lui parait d'un coup beaucoup moins belle.
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