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C'est mon boulot. En Espagne, la bataille des horaires de travail n'est pas terminée

Cette semaine, C'est mon boulot se penche sur la vie quotidienne au travail à l'étranger. Mercredi, l'Espagne avec toujours des horaires décalés par rapport au reste de l'Europe et un marché du travail devenu très flexible.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des ouvriers travaillent sur un chantier à Madrid (Espagne). (MAXPPP)

C'est l'une des croisades du Premier ministre, Mariano Rajoy : faire en sorte que la journée de travail se termine à 18 heures. Mais la société fait de la résistance. Et continue de cultiver la longue pause qui débute vers 14 heures, se termine deux à trois heures plus tard et amène la fin de la journée de travail vers 20 heures. Une survivance de l'époque Franco où le caudillo avait choisi de se caler sur l'heure allemande et non pas sur le fuseau horaire de l'Espagne.

Beaucoup de présence au travail

À la clé, des difficultés à concilier vie professionnelle et vie privée, une vie familiale contrariée, un coucher tardif, un manque de productivité au travail et même davantage d'accidents. Un cercle vicieux, selon un économiste espagnol. Ce n'est pourtant pas faute de passer beaucoup de temps au travail. 1 689 heures par an contre 1 473 en France et 1 371 pour les Allemands. La culture du présentéisme, de la présence au travail au détriment du rendement, est encore forte en Espagne. On travaille en principe 40 heures par semaine, avec quatre semaines de congés payés annuels. Mais le temps de travail est annualisé, il peut être différent en hiver et en été où les après-midis sont parfois laissés libres.

Le marché du travail s'est beaucoup assoupli

Pour répondre à la crise économique et à l'explosion du chômage, qui est aujourd'hui repassé sous la barre des 20 %, la réforme du travail de 2012, très libérale, a facilité les licenciements en en abaissant les coûts. Ici, les tickets restaurants et la mutuelle ne sont pas la règle, par exemple. La loi a mis fin à de nombres conventions collectives et "flexibilisé" les conditions de travail. On peut donc quitter très rapidement et brutalement une entreprise et faire ses cartons comme dans une série américaine. Depuis quelques années se sont multipliés les autonomos, l'équivalent de nos auto-entrepreneurs et les espaces de coworking fleurissent dans les grandes villes pour les accueillir.


Dans les entreprises espagnoles, le tutoiement est de rigueur mais le respect de la hiérarchie, du "jefe", est très marqué. Selon la chambre de commerce et d'industrie française de Barcelone, l'entreprise espagnole est très centrée sur la personne du dirigeant. Peu de personnes sont habilitées à prendre les décisions, peu ont la signature, ce qui peut retarder les choses et crée une certaine inertie. Il manquerait, par rapport à la France, un encadrement intermédiaire, notamment dans les PME traditionnelles.

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