Cet article date de plus de trois ans.

Aux États-Unis, parler politique au travail vient d’être interdit dans deux entreprises

Parler politique, c’est une tradition en France, surtout à l’approche d’une échéance électorale. Mais aux États-Unis, parler politique au travail vient d’être interdit dans deux entreprises du secteur des nouvelles technologies.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des salariés parlent ensemble dans un hall d'entreprise. Photo d'illustration. (ERIC AUDRAS / MAXPPP)

Le monde de la "tech" est en ébullition. Deux entreprises viennent coup sur coup de prendre une décision que l’on a du mal à imaginer de ce côté-ci de l’Atlantique : interdire toute discussion politique dans leurs murs et dans leurs canaux de communication. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : des démissions en cascade. Chez Basecamp, un éditeur de logiciels de gestion de projet, concurrent de Slack, notamment, un tiers de la soixantaine de salariés sont partis. Même chose chez Coinbase, des dizaines de salariés ont quitté l'entreprise dès que leur direction leur a interdit de parler politique au boulot.

Chez Basecamp, les deux dirigeants ont émis une série de nouveaux principes : "Finies les discussions politiques et sociétales sur le compte de notre société, écrit l’un d’eux. Les eaux sociales et politiques d’aujourd’hui sont particulièrement agitées. Ce sont des eaux suffisamment difficiles pour naviguer dans la vie, mais beaucoup plus au travail. C’est devenu trop", dit-il, au prétexte que cela sape l’énergie des salariés, et que cela n’est pas sain. Même idée chez Coinbase, où le nouveau mot d’ordre est "stick to the mission". Littéralement "tenez-vous en à votre boulot". Le spécialiste des cryptomonnaies veut refondre sa culture d’entreprise et mettre fin aux débats en interne de causes ou de candidats politiques sans rapport avec le travail.

Une décision impossible en France

Notre Code du Travail affirme que l’on peut pas restreindre les libertés individuelles si ce n’est pas justifié par la nature de la tâche à accomplir. Le code dit aussi que les opinions des salariés, qu’ils émettent dans le cadre de leur liberté d’expression, ne peuvent être à l’origine de sanctions.

Un bémol tout de même : il est interdit de faire du prosélytisme sur son lieu de travail. Par exemple distribuer des tracts pour un candidat à une élection. Par ailleurs, depuis la loi Travail de 2016, le principe de neutralité peut s’imposer dans les entreprises. Le règlement intérieur peut très bien prévoir l’interdiction de manifester ses convictions politiques auprès des clients, par exemple.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.