Les microplastiques s'accrochent même à la paroi de nos vaisseaux

Après l'identification de microplastiques dans des placentas, des chirurgiens italiens viennent d'en trouver dans les dépôts qui s'accumulent dangereusement sur la paroi des artères.
Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Illustration de cellules sanguines (globules rouges en rouge et globules blancs en rose clair/violet) (crème/blanc) dans un vaisseau sanguin. Selon une étude récente, d’étonnantes photos montrent que des nanoparticules de plastique ont été comme "avalées" par des globules blancs. (NANOCLUSTERING/SCIENCE PHOTO LIB / SCIENCE PHOTO LIBRARY RF / GETTY IMAGES)

De nouveaux ennemis infiltrent nos vaisseaux sanguins : des microparticules de plastique. Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Des chirurgiens italiens ont trouvé des microparticules de plastique en nettoyant les artères qui irriguent le cerveau ?

Géraldine Zamansky : Oui, c’est une nouvelle publication inquiétante, dans la prestigieuse revue du New England Journal of Medicine, qui lui a même associé un éditorial d’alerte. Car après les précédentes découvertes de ces micropolluants dans le placenta, les poumons ou le cœur, une équipe italienne en a trouvé sur la paroi des artères carotides, qui amènent le sang au cerveau.

Normalement, lorsqu’ils doivent déboucher ces vaisseaux, les chirurgiens enlèvent plutôt des dépôts liés à notre alimentation, comme le cholestérol. Là, ils ont identifié ces toutes petitesparticules de plastique chez près de 60% des 257 patients opérés. Et surtout, au fil de seulement 3 ans de suivi, cette "plastification" était associée à un risque 4 fois et demi supérieur de faire un infarctus, un AVC, et de mourir.

Et cette équipe explique-t-elle pourquoi le "plastique" serait plus dangereux que le cholestérol dans nos artères ?

Un des concepteurs de l’étude, Francesco Prattichizzo m’a présenté leurs premières hypothèses. D’abord, ces dépôts contiennent moins de "ciment", en l’occurence ici, du collagène. Alors des morceaux partent plus facilement dans la circulation sanguine, pour aller boucher une des artères qui irriguent le cœur, c’est l’infarctus, ou dans le cerveau, c’est l’AVC.

Ensuite, d’étonnantes photos montrent que des nanoparticules de plastique ont été comme "avalées" par des globules blancs. Nos cellules immunitaires ont bien repéré une menace, mais elles n’arrivent pas à la détruire. Et l’équipe a aussi mesuré d’autres marqueurs d’une inflammation, qui peut aussi contribuer à l’instabilité de l’ensemble.

Tout ceci est-il provoqué par certains matériaux en particulier ?

Tout à fait. Alors que d’autres équipes ont identifié davantage de coupables dans des biopsies de cœur ou de foie, l’équipe italienne a seulement distingué 2 types de plastique. Du polyéthylène et du PVC (polychlorure de vynil), que l’on trouve dans un très grand nombre d’emballages alimentaires et cosmétiques, par exemple.
Tous les deux sont déjà soupçonnés d’être nocifs pour la santé humaine.

Pour mieux décrypter les mécanismes impliqués, Francesco Prattichizzo m’a expliqué qu’ils suivaient déjà un nouveau groupe de patients, avec cette fois plusieurs prélèvements sanguins, et davantage d’enquête sur leur environnement. Pour savoir si d’autres polluants sont présents dans la circulation sanguine, et quelle est leur origine. L’objectif étant de développer le plus vite possible des stratégies de protection.

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