Considérer la spécificité féminine pour les sportives de haut niveau

Plusieurs études ou programmes visent actuellement à mieux comprendre la physiologie féminine pour adapter la préparation des athlètes de haut niveau. Mais c'est un début balbutiant.
Article rédigé par Géraldine Zamansky
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une meilleure connaissance des spécificités féminines doit permettre d'améliorer la performance des sportives de haut niveau. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Les championnes qui vont encore nous faire rêver aux jeux paralympiques ont-elles des entraînements aussi optimisés que leurs collègues masculins ? Quelques réflexions sur cette question trop peu prise en compte, avec Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Des athlètes féminines ont pointé cet été le manque d’adaptation à leurs spécificités, souvent faute de connaissances sur l’impact du cycle menstruel par exemple ?

Géraldine Zamansky : Oui, le développement des recherches sur les symptômes du cycle menstruel est la priorité mise en avant par 40 grandes athlètes américaines. Cela fait suite à un échange approfondi qu'elles ont eu avec des médecins experts et leur Comité olympique et paralympique, dont les résultats sont publiés dans la grande revue BJ sports. Ces sportives réclament des travaux sur l’impact des variations hormonales sur l’entraînement et les performances obtenues. Car le savoir dans ce domaine est encore très limité, comme sur l’ensemble de leur physiologie d’ailleurs. Le constat initial de cette enquête est redoutable : seuls 6% de l’ensemble des articles scientifiques consacrés à la performance sportive s’intéressent uniquement aux championnes. Et celles-ci, dans les études mixtes, sont toujours sous-représentées, ainsi que l’explique Julie McLeery, de l’Université de Washington.

Ces athlètes manquent-elles à ce point d’information et d’accompagnement ?

Oui, certaines ne savent même pas que la durée du cycle doit être stable et surtout qu’une interruption des règles est inquiétante. Elles faisaient souvent déjà du sport de haut niveau au début de leur puberté. Julie Mc Leery rappelle aussi les tabous qui persistent sur ce sujet. C’est ce qu’elle et ses collègues essaient de changer avec cette enquête destinée à stimuler des recherches. Il s'agit aussi de diffuser au maximum le peu de connaissances déjà disponibles, que ce soit auprès des athlètes, des entraîneurs, des kinésithérapeutes et des médecins qui les entourent les championnes. Cet été, souvenez-vous, Brittany Brown, médaillée de bronze aux 200 mètres, a dédié sa victoire aux femmes atteintes d’endométriose : elle-même n’a été diagnostiquée qu’après 10 ans de souffrances, malgré tous ses appels à l’aide.

Et la France, comment accompagne-t-elle ses championnes ?

Cela progresse doucement, avec par exemple Empowher, un programme mené par Juliana Antero, chercheuse à l’INSEP. Pendant des mois, son équipe a suivi une centaine de sportives de haut niveau pour enregistrer leurs performances, leurs évolutions hormonales, et de multiples autres paramètres. Première conclusion : certaines phases du cycle permettent d’augmenter les entraînements intenses et d’autres exigent au contraire une plus grande récupération. C'est donc un tout, plus adapté, pour améliorer les performances sans oublier, insiste Juliana Antero, une meilleure santé physique et mentale grâce à moins de "passages en force". On se souvient aussi des étincelles de la gymnaste Simone Biles, cet été, elle qui fut une des premières à évoquer ces questions à Tokyo.

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