Des jeunes en proie à l’éco-anxiété
Une étude récente, réalisée auprès de 10 000 jeunes, de 10 pays différents montre que plus de 50% d’entre eux se disent atteints d’éco-anxiété, c’est-à-dire très éprouvés par les menaces qui pèsent sur l’environnement. Une inquiétude tout à fait réelle et pas imaginaire, souligne la psychanalyste Claude Halmos.
La COP26 sur le climat, qui s’est terminée hier, a donné lieu à des manifestations de jeunes. Et une étude récente, réalisée auprès de 10 000 jeunes, de 10 pays différents montre que plus de 50% d’entre eux se disent atteints d’éco-anxiété, c’est-à-dire très éprouvés par les menaces qui pèsent sur l’environnement.
franceinfo : De quelle façon peut-on aider les gens par rapport à cette éco-anxiété, et notamment les jeunes qui en souffrent ?
Claude Halmos : Plus de 50% des jeunes interrogés dans cette étude, disent que les menaces environnementales les attristent, les angoissent, les font se sentir impuissants. Mais aussi en colère par rapport à ceux qui n’agissent pas ; et même coupables à l’idée qu’eux-mêmes n’en font pas assez. Ils se sentent confrontés à un avenir effrayant, et à une totale impossibilité de fuir (puisque le monde entier est impacté) ; et donc pris au piège. Et cela va très loin, puisque certains disent même que l’humanité étant condamnée, ils renonceront à avoir des enfants.
Est-ce qu’il faut considérer ces jeunes comme des malades ?
Certains d’entre eux, notamment à l’adolescence, peuvent bien sûr utiliser la situation pour, sans en être conscients, justifier un sentiment de désespoir, et une absence de foi en l’avenir, qui sont dus à leur histoire personnelle. Et, même sans histoire personnelle lourde, on sait bien que les fantasmes autour de la mort sont très présents à l’adolescence.
Mais, mis à part ces cas particuliers, l’éco-anxiété né relève pas de la maladie, car la situation qui inquiète ces jeunes, n’a rien d’imaginaire. Elle est tout à fait réelle. Le réchauffement climatique n’est pas un fantasme. L’éco-anxiété n’est donc pas une maladie mais, on voit bien, qu’elle peut vraiment empêcher de vivre.
Comment alors, aider ces jeunes ?
Quand on a des angoisses à propos de choses que l’on imagine, il faut, pour les chasser, travailler à comprendre ce qui les provoque. Mais quand, comme dans le cas de l’éco-anxiété, les choses dont on a peur sont réelles, la seule solution est de passer à l’action pour les changer. Ce qui permet d’ailleurs de lutter aussi contre le sentiment d’impuissance.
Il est donc important que ces jeunes puissent parler avec leurs parents, et être aidés, en fonction de leur âge, à agir. Les adolescents peuvent s’engager dans des associations, mais les plus petits peuvent apprendre à planter des végétaux, à économiser l’eau, à ramasser les déchets, à recycler..
Et il serait important aussi de réfléchir, au niveau des familles et des autorités, à la façon dont on parle des dangers qui menacent la planète. C’est-à-dire se demander comment on peut faire comprendre la gravité de la situation, sans pour autant donner l’idée, terrifiante, que tout est perdu ; et tenir un discours qui ne débouche pas sur la mort mais qui ouvre, au contraire, sur le combat, et la vie.
C’est une prudence essentielle car les adolescents raisonnent souvent en termes de tout ou rien, ils ne relativisent pas. Et les désespérer ne fera pas avancer la cause, essentielle, du climat.
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