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C'est dans ma tête. Les enfants face aux élections

L’élection présidentielle est désormais à la une de tous les médias, et cela va monter en puissance jusqu'en avril 2022. Dans les dîners, en famille ou entre amis, les discussions sont souvent âpres. Comment les enfants, en particulier les plus petits, perçoivent-ils ces débats animés ? 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Avec les élections présidentielles qui arrivent en mai prochain, les discussions en famille peuvent peser sur les enfants, et les plus petits notamment peuvent se sentir exclus. (Illustration) (GARY BURCHELL / GETY IMAGES)

L’élection présidentielle occupe désormais les médias, et cela va aller crescendo jusqu’au mois d’avril. Mais elle occupe aussi les réunions familiales ou amicales, où les discussions sont souvent rudes. Et l’on peut se demander comment les enfants, surtout les petits, vivent ces discussions. Quelques éléments de réponse avec la psychanalyste Claude Halmos. 

franceinfo : Ces discussions ne sont-elles pas trop pesantes pour eux : on sait que certains protestent. Et comment faire pour qu’elles ne leur "prennent pas trop la tête" ?

Claude Halmos : Quand il se passe dans la société des choses importantes, comme ces élections, qui mobilisent les adultes, les adolescents peuvent participer aux discussions. Mais les enfants petits sont pris dans une sorte de rumeur permanente, à laquelle ils ne peuvent pas échapper, mais qui en même temps, comme ils ne comprennent rien, leur donne le sentiment d’être exclus.

Et cela peut les conduire d’ailleurs à perturber les discussions, ce dont les adultes se plaignent. Mais ils n’ont pas d’autre solution pour manifester leur désarroi.
Il est donc très important de leur expliquer ce qui se passe.

Comment peut-on le leur expliquer ?

Il n’y a pas de méthode idéale pour expliquer des choses à un enfant, chacun fait comme il le peut. L’important est de lui signifier qu’il a le droit de savoir. Et, à partir de là, s’il n’a pas compris, il pourra poser des questions.

S’agissant des élections, les adolescents ont déjà des informations, mais les petits n’en ont aucune. Il faut donc leur expliquer le fonctionnement de l’État, à quoi sert un président de la République ; le fait que l’on ne vote pas en fonction de la personne des candidats, que l’on voit sur les affiches, mais en fonction de ce qu’ils proposent. Et leur montrer le rapport entre les choses concrètes de leur vie, qui leur sont familières, et ce vote.

En leur expliquant les divers niveaux de décision : la municipalité qui décide pour le local : les pelouses du square, ou les feux rouges devant l’école. Et l’État, pour le plus général : les salaires des gens, les hôpitaux, les écoles, l’accueil des étrangers, la protection de la planète… Et il faut préciser aussi que les discussions véhémentes entre adultes ne signifient pas qu’ils sont fâchés, et se disputent. Mais il serait important que tout cela leur soit expliqué aussi à l’école.

Pourquoi serait-ce utile ?

Le rôle de l’école est aussi de former des citoyens, capables de comprendre le fonctionnement social. C’est important pour la société, mais aussi pour les enfants eux-mêmes. Devenir conscients qu’ils vivent dans une communauté, est le savoir de base à partir duquel ils peuvent comprendre que l’on doit respecter les animaux, et la nature, ne pas gâcher l’eau, ne pas jeter n’importe quoi par terre, etc.

Et c’est le moyen aussi pour qu’ils se construisent en se sentant concernés par le fonctionnement social. On se demande aujourd’hui beaucoup comment lutter contre l’abstention. Si l’on comprend tout cela, on se rend compte que c’est en maternelle que commence la lutte contre l’abstention.

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