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C'est dans ma tête. Les 15 ans du protocole de Kyoto et la peur de la fin du monde

L'effet de serre, la fonte des glaces, la montée des océans, les incendies, le nucléaire, ces sujets évoqués depuis une trentaine d'années sont dans le feu de l'actualité depuis 15 ans, avec l'entrée en vigueur, le 16 février 2005, du protocole de Kyoto, pour forcer les états à lutter contre le réchauffement climatique. Il en résulte un effet d'accumulation, qui peut être anxiogène : la peur de la fin du monde. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le glacier Bruckner et la calotte glaciaire se déversant dans le fjord Johan Petersen, au Groenland, le 28 avril 2019.  (PHILIPPE ROY / AFP)

Le 16 février 2005, le protocole de Kyoto, qui avait été signé en 1997, entrait en vigueur. Il visait à réduire les émissions des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. 15 ans ont passé depuis, durant lesquels on a beaucoup parlé des dangers que court notre planète. Et cela a engendré, chez beaucoup de gens, une peur de la fin du monde : 72% des 18-24 ans se disent par exemple, selon un sondage réalisé en octobre dernier, angoissés par le réchauffement climatique.

La psychanalyste Claude Halmos revient aujourd'hui sur les mécanismes de cette angoisse, notamment sur nos modes de communication.

franceinfo : Comment expliquer ces angoisses ?  

Claude Halmos : Ces angoisses de fin du monde sont induites par des informations réelles, et alarmantes (la fonte des glaces, les incendies..). Mais aussi par un mode de communication qui a longtemps joué sur la peur, dont on semblait penser qu’elle était le meilleur moyen de faire changer les comportements. On en revient aujourd’hui, et heureusement. Parce que ce mode de communication est aussi inefficace que dangereux.  

Vous pouvez nous expliquer pourquoi ?  

Sensibiliser aux dangers que court la planète, n’a pas pour but de terroriser les citoyens, mais de les amener à une prise de conscience qui les pousse aussi bien à des actions individuelles et quotidiennes, que collectives et politiques. Or, par rapport à cela, prédire d’emblée et sans nuances le pire, est problématique.

L’outrance ne favorise pas la compréhension. Parce qu’elle peut nuire à la crédibilité ou, au contraire, parce qu’on y adhère, pousser à fuir ; et d’autre part induire l’idée que, puisque tout est perdu, il est inutile de tenter quoi que ce soit. Et puis elle peut être aussi dangereuse.  

Pour quelles raisons ?  

Annoncer la fin du monde, c’est réveiller des peurs, et des culpabilités ancestrales, associées à l’idée de faute (la fin du monde était autrefois promise aux pécheurs). Et, en même temps, faire naître d’autres culpabilités, plus banales et plus quotidiennes ; qui peuvent potentiellement se nouer, chez certaines personnes, à ce que, inconsciemment, elles se reprochaient, du fait de leur histoire, déjà. Et cela peut les mener à se sentir, pour un peu trop d’eau utilisée, définitivement condamnées. Et puis c’est dangereux surtout pour les enfants, et les adolescents. 

De quelle façon ?  

Les enfants prennent les choses au pied de la lettre (un élève de 11 ans a demandé, par exemple, à Yann Arthus Bertrand, la date de la fin du monde). Et il est dangereux pour eux de se construire dans un monde dont on leur dit qu’il va s’écrouler. Parce qu’ils ne peuvent que s’y sentir en insécurité.

Et cette idée d’une mort imminente et programmée de la planète est dangereuse aussi pour les adolescents, qui doivent déjà faire face à une fin : celle de leur corps, et de leur vie d’enfant. Et qui ont de plus - et à juste titre - du fait des difficultés économiques, des craintes pour leur avenir. Donc, il est important d’exposer clairement les problèmes, en mettant en avant, surtout, les moyens d’y remédier. Et en évitant d’induire des angoisses inutiles. Parce l’angoisse, il faut s’en souvenir, inhibe plus souvent qu’elle ne pousse à l’action.                  

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