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C'est dans ma tête. Le service national universel

Le service national universel concerne, au sortir de la classe de troisième, 2000 volontaires, des jeunes de 13 à 16 ans. Il a commencé le 16 juin. La psychanalyste Claude Halmos décrypte aujourd'hui les effets en grande partie positifs d'une telle expérience. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le premier jour du Service national universel (SNU) au lycée Le Corbusier, à Tourcoing (Nord), le 17 juin 2019.  (SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS)

Le service national universel a démarré le 16 juin, avec 2000 volontaires. Il a concerné, au sortir de la classe de troisième, des jeunes de 13 à 16 ans, qui ont passé deux semaines, en hébergement collectif, hors de leur département. Et qui ont accompli ensuite une mission d’intérêt général.

Ce SNU a déjà donné lieu à de nombreux débats, mais nous revenons avec Claude Halmos sur la question de savoir ce qu’une telle initiative peut apporter, sur le plan psychologique, à des jeunes.      

Claude Halmos : Le SNU ne réglera pas tous les problèmes des jeunes, et notamment pas ceux qui sont liés aux difficultés économiques, et à l’emploi. Mais il peut, s’il est bien utilisé, leur offrir des possibilités importantes.  

franceinfo : quelles sont les possibilités que le SNU peut offrir à ces jeunes ? 

Il a été prévu des initiations (à divers sports, ou au code de la route, par exemple), qui peuvent être, pour eux, autant d’ouvertures. Mais aussi des bilans, qui peuvent leur permettre de savoir où ils en sont. Il y aura par exemple des bilans de santé, et c’est très important. Parce que de très nombreux jeunes ne bénéficient pas d’un suivi médical satisfaisant. Et compenser les inégalités à ce niveau est essentiel, non seulement pour la santé physique de ces jeunes, mais pour leur "santé psychologique".

Parce que s’occuper d’eux, est une façon de leur montrer qu’ils ont une valeur, que la société la reconnaît ; qu’ils comptent, et que leur vie compte. Et puis il est prévu aussi des bilans de connaissances, et de langues. Et cela peut aider certains à prendre conscience de leur niveau, autrement qu’ils ont pu le faire à l’école, c’est à dire sans jugement. Et, de ce fait, à se réconcilier, un peu, pour ceux qui avaient décroché, avec l’idée de savoir et de connaissances.

Le fait que ces jeunes résident hors de leurs familles est important ?    

Ils seront non seulement hors de leurs familles, mais hors de leurs départements. Pour des jeunes issus de milieux favorisés, cela n’a rien d’exceptionnel. Mais pour d’autres, qui ont vécu jusque-là enfermés dans leur milieu familial, leur quartier, et leur bande de copains, cela sera souvent un premier départ. Et, grâce à lui, la découverte d’un ailleurs possible, et par là même, d’un avenir possible.

Et cela aussi est important. Car c’est souvent parce qu’ils sont figés sur place, sans l’idée d’un au-delà de leur quotidien, sans projets, et sans espoir, que les jeunes manquent de motivation pour avancer, dans la scolarité, par exemple.  

Et puis il y a le collectif ?  

Oui. Le collectif permet de faire l’expérience de l’altérité : des différences sociales, économiques, culturelles. Et l’apprentissage du respect de ces différences, de la solidarité, et du partage. Et il permet des débats. Le rassemblement autour des valeurs de la République, de La Marseillaise, et du drapeau, par exemple, peut permettre des discussions sur ce que signifie l’appartenance à un pays. Mais aussi sur l’accueil de l’étranger, et les devoirs que l’on a envers lui. C’est-à-dire sur des thèmes qui sont des piliers de la formation à la citoyenneté.  

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