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C'est dans ma tête. Des élections contaminées par le Covid ?

Le Covid est toujours présent dans nos vies. La psychanalyste Claude Halmos nous explique aujourd'hui comment le coronavirus, en changeant nos vies personnelles et professionnelles, peut aussi influer sur les choix politiques des Français lors des prochaines échéances électorales. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les prochaines échéances électorales et le vote des Français, en ces temps de crise sanitaire. (Illustration) (IMAGESTOCK / E+ / GETTY IMAGES)

Le Covid, et les mesures qu’il a obligé à prendre, a changé, on l’a vu, beaucoup de choses dans la vie des Français. Il a par exemple conduit, dans les entreprises, à des modifications des conditions de travail, qui vont certainement durer au-delà de la pandémie. Il a conduit beaucoup de familles à vouloir quitter les villes pour la campagne.

franceinfo : Pensez-vous qu’il puisse avoir aussi une influence sur les élections à venir ?  

Claude Halmos : Ces élections vont avoir lieu dans un contexte très particulier. Les Français sont tous, aujourd’hui, dans une très grande fragilité psychologique, du fait des angoisses qu’ils ont accumulées depuis un an, qui influent sur leurs vies. Et le plus souvent, sans qu’ils s’en rendent compte parce que, les conséquences psychologiques de la pandémie ayant été largement sous-estimées, on ne les en a pas suffisamment informés.  

Il y a donc le risque que, n’entendant pas que certaines de leurs inquiétudes sont liées au Covid, ou en tout cas, largement majorées par lui, les électeurs les attribuent à d’autres causes. Et, de ce fait, se rallient, plus qu’ils ne l’auraient fait en temps normal, à des candidats qui mettent en avant ces causes.  

À quoi pensez-vous ?  

Le premier domaine dans lequel le Covid peut jouer un rôle d’amplificateur, est celui des inquiétudes liées à l’insécurité. Le Covid est un ennemi invisible, susceptible de surgir n’importe quand, et n’importe où, dans le plus quotidien de nos vies (les transports, les commerces), pour y apporter la mort.  

Or ce portrait d’un ennemi omniprésent, et particulièrement dangereux, est très voisin de celui que l’on peut faire (du fait des attentats), des terroristes. Il est donc facile, les peurs se mélangeant dans la tête, de reporter sans le savoir, sur les terroristes, la peur que l’on a du virus ; de majorer ainsi le sentiment d’insécurité, généré par leur existence. Et de se rallier, de ce fait, à des candidats qui prétendent avoir des solutions pour éradiquer définitivement le terrorisme.    

Est-ce que d’autres influences sont possibles ?    

Le Covid peut peser aussi sur le jugement des électeurs, quant au bilan des politiques. On sait que l’on attend toujours, imaginairement, d’un dirigeant politique qu’il soit capable (un peu comme un parent rassurant) de gérer, mais aussi de protéger. Et on sait, par ailleurs, qu’un être humain, confronté à un danger réel très grave, est toujours renvoyé inconsciemment, au petit enfant impuissant qu’il a été. Un petit enfant qui attendait tout des adultes, sans lesquels il ne pouvait pas survivre, et qui les imaginait tout-puissants, dotés de pouvoirs magiques, et capables de faire des miracles.  

On peut donc penser que, le Covid ayant décuplé les attentes des électeurs vis à vis des dirigeants, il risque aussi de décupler la déception, et le ressentiment suscités par les erreurs – indéniables – qu’ils ont faites. Et de pousser, de ce fait, les électeurs vers ceux qui affirment (c’est de bonne guerre !) que, s’ils avaient été à la place de ces dirigeants, ils auraient été capables, eux, de faire des miracles. Tout cela peut contribuer à faire des résultats de ces élections, une sorte de séquelle de plus, du Covid.  

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