C'est dans ma tête. Covid : protéger les enfants de l'angoisse
La crise sanitaire est angoissante pour tous, y compris les enfants, qui peuvent être très déstabilisés
franceinfo :Un virus qui circule, des classes qui ont rouvert, mais pourraient à nouveau fermer. C’est difficile pour les parents, mais aussi pour les enfants eux-mêmes. Comment vivent-ils cette situation ?
Claude Halmos : Il est important de prendre conscience des difficultés psychologiques que peuvent éprouver les enfants. Pour qu’il ne leur arrive pas ce qui arrive aujourd’hui à beaucoup d’adultes, dont on interprète les souffrances post-confinement, en les dramatisant, et en les attribuant à des fragilités qui leur seraient personnelles. Alors que, dans de très nombreux cas, elles ne sont que la conséquence de choses trop lourdes qu’ils ont dû porter, du fait de la pandémie, et dont on a refusé de voir le poids. Or beaucoup de choses pèsent aujourd’hui sur les enfants.
Lesquelles ?
Les enfants, pour aller bien, ont besoin de sécurité. C’est à dire d’un cadre de vie stable, et d’un entourage d’adultes qui ne soient pas trop déstabilisés. Concernant leur cadre de vie, ils peuvent, s’ils sont accompagnés, et qu’on les leur expliquent, supporter des changements. Mais il ne faut pas, surtout s’ils sont petits, que ces changements soient trop fréquents, dans leur famille, mais aussi à l’école. Or, en quelques mois, les élèves ont vu l’école disparaître de leur vie (pendant le confinement) puis réapparaitre, partiellement, et la menace de fermeture plane toujours. C’est très déstabilisant pour eux.
Vous disiez qu’ils ont besoin aussi d’adultes stables ?
Oui. Et des adultes stables, cela ne veut pas dire des rocs, sans angoisses, mais des adultes capables de ne pas faire peser sur eux leurs angoisses. Les adultes sont tous, aujourd’hui, déstabilisés : les enseignants, qui enseignent dans des conditions difficiles ; et les parents qui s’inquiètent pour l’avenir sanitaire, mais aussi économique. Les enfants sont donc traversés par les angoisses de ces adultes, et elles s’ajoutent à toutes celles qu’ils ont, eux-mêmes, et dont on sous-estime l’importance et la complexité.
Comment peut-on les aider ?
Le point d’appui principal d’un enfant est le dialogue qu’il peut avoir avec un adulte qui l’écoute, et auquel il fait confiance. Ce dialogue est pour lui une rambarde à laquelle il peut, quoiqu’il arrive, s’accrocher, et qui lui permet de tenir debout. Et un enfant ne peut faire confiance à un adulte que si cet adulte ne lui ment pas. C’est à dire s’il ne lui cache pas ses angoisses -ce qui est inutile, car l’enfant les sent- mais au contraire les lui explique. En les dédramatisant, et en l’assurant que, pour difficile que soit la situation, les adultes sont capables de la prendre en charge et de le protéger. Il faudrait donc privilégier, en ce moment, le dialogue avec les enfants, sur la pandémie. Dans les familles, mais aussi à l’école, en instaurant, par exemple, dans les classes, des moments d’échanges réguliers, sur le sujet. Ce serait un soutien essentiel pour les enfants et, de ce fait, un véritable outil de prévention.
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