Réchauffement climatique : les débuts d'incendies bientôt détectés par un réseau de satellites

D'abord étudié par des chercheurs de la Nasa, puis par un centre de recherche européen, c'est au travers d'une association à but non lucratif, fondée en 2024, que ce réseau de satellites spécifiques pourrait voir le jour. Les premiers seront en orbite dès 2026.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue satellite d'un incendie de forêt au nord d'Athènes, le 19 juillet 2023. Photo d'illustration (GALLO IMAGES / GALLO IMAGES EDITORIAL)

Le réseau FireSat, développé par Earth Fire Alliance, une association à but non lucratif créée en 2024, sera composé de 50 satellites en orbite basse, soit environ 600 kilomètres au-dessus de la planète. Ces satellites seront chargés de surveiller la Terre toutes les 20 minutes et de repérer d’éventuels débuts d’incendies. Leur équipement leur permettra d’observer le sol avec précision, par portion de 5 mètres carrés, et de tracer le parcours de ces incendies malgré la présence de nuages, de fumée, qu’il fasse nuit ou plein soleil.

Déterminer la vitesse des flammes pour conscrire le feu plus efficacement

Il a fallu cinq ans de travail pour développer le projet final, en partenariat avec Google et surtout des dizaines de pompiers ou autres spécialistes d'incendies. Earth Fire Alliance n'est pas seulement américain, c'est un projet mondial. L'association, comme tant d’autres entreprises aujourd’hui, estime que la data et leur analyse garantit de résoudre des problèmes majeurs.

Ces données vont aider à contrôler les incendies car, pour citer un ancien chef pompier qui s’exprime dans le Los Angeles Times, "quand on voit tout, on peut tout comprendre". Il a même l’air étonné qu’il ait fallu autant de temps pour que la Californie, l’un des centres mondiaux de la technologie, active ce type de dispositif. Le pompier explique qu’une vision en haute définition de l’incendie, qu’il vienne de démarrer ou pas, permettra aux secours d'organiser leur stratégie plus rapidement, en déployant les ressources disponibles aux endroits les plus efficaces pour contrôler les flammes. En plus, les satellites seront aussi capables de déterminer la vitesse de ces flammes et la température du feu. Ils aideront aussi à savoir où déclencher volontairement un incendie pour se débarrasser de la végétation possiblement responsable d'un feu incontrôlable. Une technique bien connue de la profession qu'on appelle l’écobuage.

Le nombre d’incendies va croître de 30% d’ici 2050

Ce réseau sera bientôt actif avec trois premiers satellites mis en orbite dans l’espace en 2026. Ce sera déjà suffisant pour surveiller chaque point chaud de la planète deux fois par jour mais logiquement, la régularité des passages augmentera avec la présence de satellites supplémentaires. L’initiative coûte cher. Earth Fire Alliance a déjà levé 12 millions de dollars et espère rapidement en obtenir le triple. Au final, il faudra 300 à 400 millions de dollars pour avoir un réseau FireSat pleinement opérationnel.

Un argument pour convaincre les investisseurs est que, d’après les Nations unies, le nombre d’incendies va croître de 30% d’ici 2050, en partie à cause du réchauffement climatique. Détecter un incendie à son départ permettrait donc d’économiser des centaines de millions de dollars. Rien qu’aux États-Unis, si l’on en croit la Earth Fire Alliance, les feux provoquent 11 milliards de dollars de dégâts par an. En Californie, deux compagnies d’assurance majeures ont même cessé ces dernières années de proposer des protections d'habitation à certains de leurs clients, à cause du risque trop grand de catastrophe naturelle. Même si elles justifient aussi leur décision par l’inflation et la régulation très stricte de l’État.

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