États-Unis : une bibliothèque du Massachusetts pardonne les livres oubliés contre une photo de chat
Tout le mois de mars, toute omission sera pardonnée dans cette bibliothèque du Massachusetts, non loin de Boston. Les étourdis pourront rapporter un livre oublié depuis des années sans pénalité, en échange d'une photo de chat. Ça n’a même pas besoin d’être votre chat, ça n’a même pas besoin d’être un chat d’ailleurs, le pardon marche avec les chiens, les ratons laveurs, les orques et à peu près tous les animaux en fait. Ce n'est même pas la peine que ce soit l’une de vos photos. Une page découpée dans un magazine ou un simple dessin suffiront. Un enfant de sept ans dont la carte de bibliothèque avait été désactivée parce qu’il n’avait jamais rendu une édition du livre Capitaine Slip, de Dav Pilkey, très populaire chez les petits Américains, est arrivé sans photo. Le personnel de la bibliothèque lui a donné un papier et des crayons. Il a pu faire un petit dessin pour régler le problème. Les photos et les dessins sont affichés sur le mur de la bibliothèque principale ou posté sur le mur de son compte Facebook.
Pour accéder à ce pardon, il faut que le livre ait été perdu depuis au moins deux mois et qu’il n’ait pas été volé pour empêcher les autres lecteurs d’avoir accès à un ouvrage dont le contenu vous pose problème. Dans le contexte de l’interdiction de certains livres au Texas, en Floride ou ailleurs, c’est un détail important.
Changer l'image de la bibliothèque
Cette initiative a semblé utile à la bibliothèque pour rassembler les livres disséminés notamment lors la période du Covid-19. À une soixantaine de kilomètres de Boston, 200 000 personnes vivent dans cette petite ville de Worcester, dont beaucoup d’étudiants. Durant la pandémie, ils ont parfois laissé des livres dans leur école ou leur résidence, en pensant qu’ils reviendraient vite. Mais on le sait, les choses se sont compliquées par la suite. La bibliothèque sait aussi qu’on peut déménager, que la vie réserve des surprises, que les gens oublient. Et même s’il n’y a plus de pénalité financière pour les retards, vous devez toujours payer une amende si vous abîmez un livre, ou si vous le perdez.
L’amende peut retenir certains usagers et, dans une ville de cols-bleus, cette politique peut devenir contre-productive, selon le directeur de la bibliothèque. L’idée est donc d’encourager les gens à revenir dans ce qui est aussi un lieu d’interactions sociales, avec des conférences, des cours, des projections de film, etc. Et au passage, c'est l’occasion de briser le stéréotype de la bibliothécaire stricte, lunettes et chignon, répétant "chut" à ceux qui parlent trop fort.
En quelques jours, 400 des 4000 cartes désactivées depuis des années, ont été réactivées. Mais cette initiative est aussi une opportunité, pour la bibliothèque et les médias qui en parlent, de s'adonner à moult jeux de mots. Le programme s’appelle par exemple March Meowness. Meow, c’est "miaou" en anglais. Et March Meowness fait écho à la March Madness, la "Folie de Mars", la phase finale extrêmement suivie du championnat universitaire de basketball. Le directeur de la bibliothèque dit "qu’il se sent bien", "he’s feeling good" en anglais, mais en changeant le mot "feeling" par "feline". Même le très sérieux New York Times s’est laissé tenter en écrivant à la place de "forgive" ("pardonner" en français), "fur-give", fur voulant dire "fourrure" en anglais !
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