États-Unis : en Californie une alerte enlèvement spécifique pour la population afro-américaine
Le gouverneur démocrate de l'État de Californie, Gavin Newsom, a signé, durant la semaine du 9 au 15 octobre, une loi qui donne naissance à ce qu'on appelle l'Ebony Alert, l'alerte ébène en français. Ebony c'est un mot qui est souvent utilisé pour décrire de manière positive les femmes noires aux États-Unis. Outre-Atlantique tout le monde connaît la "Amber alert", lancée au niveau national en 1996. C'est l'équivalent américain de l'alerte enlèvement : il faut qu'une personne de moins de 17 ans ou avec un handicap ait été enlevée, que l'on craigne pour sa vie, et les autorités lancent alors une alerte avec une description qui arrive sur les téléphones portables, les messages des panneaux d'autoroute et les médias locaux. Un système qui a fait ses preuves, puisqu'en Californie, les enfants sont retrouvés dans 97% des cas.
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Depuis des années, les associations alertent sur le fait que le nombre d'enlèvements chez les Noirs est proportionnellement bien plus élevé que chez les Blancs. Selon les statistiques nationales, 35% des enlèvements concernent des personnes noires, alors qu'elles ne représentent que 13% de la population américaine. L'attention médiatique est a contrario beaucoup moins forte lorsque c'est un Noir qui est enlevé, que lorsque c'est un Blanc. Et puis la police est aussi moins impliquée. Les enquêteurs ont souvent qualifié - à tort - de fugue certains enlèvements, c'est ce qu'on appelle, aux États-Unis, le racisme institutionnalisé.
Les associations réclament aussi une meilleure formation des policiers
Ebony Alert étend d'abord sa capacité d'action aux personnes entre 12 et 25 ans. L'objectif, pour les autorités, est d'inclure dans ces alertes les femmes noires victimes de trafic sexuel, au-delà de 17 ans, donc. C'est aussi un nouvel outil censé provoquer un déclic au sein de la police, pour qu'elle porte enfin une attention particulière aux cas qui impliquent de jeunes noirs.
Pour les associations afro-américaines, c'est un vrai pas dans le bon sens, mais elles insistent sur le fait que cela doit s'accompagner d'une formation plus poussée chez les policiers, pour qu'ils prennent au sérieux tout enlèvement qui leur est signalé dans la communauté noire. Les associations espèrent aussi que l'expérience californienne, qui débutera le 1er janvier 2024, inspirera d'autres États américains.
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