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Discuter avec une personne après sa mort devient possible grâce à l’intelligence artificielle

Pour quelques dizaine de dollars, une start-up de Los Angeles, StoryFile, propose un service un peu hors normes : la possibilité de poser des questions à une personne décédée... qui vous répond.

Article rédigé par franceinfo, Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Discuter avec nos chers disparus ? Une illusion rendue possible grâce à l'intelligence artificielle (photo d'illustration). (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le Britannique Stephen Smith, a lancé StoryFile en 2017 à Los Angeles aux États-Unis, une start-up qui propose pour quelques dizaines de dollars, d’échanger de vive voix avec un proche décédé grâce à l’intelligence artificielle. Et il ne s’agit pas un deep fake, une version truquée qui va modifier ses propos, mais de sa vraie voix.

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Au départ, le fondateur avait pour idée d’enregistrer l’histoire de survivants de l’Holocauste, un sujet important dans sa famille. Et puis, le projet a évolué. Stephen Smith a remarqué que les gens qui enregistrent leur histoire se sentent libérés et confient des choses dont ils n’avaient pas forcément parlé jusqu’ici. Il a passé deux jours, par exemple, à enregistrer en début d’année sa propre mère, Marina Smith, une Britannique décédée en juin à l’âge de 87 ans. Elle a parlé de sa vie, notamment du centre sur l’Holocauste qu’elle a créé en Angleterre et elle a évoqué des histoires, des moments que sa famille et ses amis ignoraient parfois. D’où l’idée de recréer un échange avec la personne disparue pour les générations futures. Car même si échanger avec Marina quelques minutes après sa crémation a paru étrange, Stephen Smith a trouvé formidable la perspective que ses arrière-arrière-petits-enfants pourront lui poser des questions sans jamais l’avoir rencontrée.  

Comment est-ce possible ? Il ne s’agit effectivement pas de recréer la voix d’une grand-mère pour lire un livre à son petit-fils comme le propose une fonction d’Alexa, l’enceinte intelligente d’Amazon, mais d’entendre la personne elle-même se raconter. Pour y parvenir, la start-up soumet pendant des heures, sur le ton de la conversation, la personne à un questionnaire comprenant quelque 250 items. Après le décès, l’intelligence artificielle permet non pas d’inventer des réponses aux questions des proches mais de retrouver celles qui correspondent dans les heures d’échanges enregistrés, ce qui donne l’impression d’un échange en temps réel, StoryFile insiste beaucoup là-dessus.  

Des applications innombrables  

Les perspectives de ce service vont bien au-delà d’une aide à faire son deuil. Pour donner une idée de ce qui est réalisable, on peut, par exemple, s’amuser à poser des questions à William Shatner, le capitaine Kirk de Star Trek sur le site de StoryFile. On peut aussi imaginer des personnalités, des figures historiques participer à ce genre de projets. 

Stephen Smith suggère également qu’on pourrait commencer à enregistrer des histoires sur sa vie à un jeune âge pour parler à 50 ans au jeune adulte que l’on était à 18 ans ou présenter à vos enfants votre version "ado" d’une manière plus interactive qu’une simple photo ou vidéo.  

Dans un cadre professionnel, StoryFile suggère aussi de mettre une version de soi-même sur son compte LinkedIn pour répondre de vive voix aux questions d’un employeur. La technique permettrait aussi, par exemple, de fournir ou obtenir des expertises sur un sujet à tout moment, simuler des interactions avec des clients et former aux techniques de vente les employés d’un commerce.

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