Au Japon, les ours n'hibernent plus à cause du réchauffement climatique et certains se mettent à attaquer les humains

Il fait maintenant tellement chaud dans certaines régions du pays que les ours restent actifs même l’hiver. Et des scientifiques s'inquiètent de la hausse du nombre de confrontations avec les humains.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un ours brun sur une route à Shari, dans la préfecture d'Hokkaido au Japon, le 22 septembre 2023. (NORIAKI SASAKI / YOMIURI / AFP)

Alors que la COP28 s’ouvre jeudi 30 novembre à Dubai, les scientifiques japonais se demandent si les balades en forêt ne vont pas devenir de plus en plus dangereuses avec le réchauffement climatique. Les autorités japonaises n’ont jamais vu ça : cette année, entre début avril et fin octobre, le ministère japonais de l’Environnement a recensé 159 attaques d’ours dans le pays.

L’an dernier, il y en avait eu seulement 68. Et on ne parle que des attaques qui débouchent sur des blessures, souvent graves, et parfois même sur la mort. Déjà deux personnes sont décédées cette année. Si jusqu’ici, ces attaques avaient lieu essentiellement en forêt ou en montagne. De plus en plus d’ours s’aventurent dans des zones habitées, surtout dans les régions rurales du nord de l’archipel.

Les autorités expliquent que cette multiplication des attaques d’ours est en grande partie liée au dérèglement des saisons. Les ours du nord du Japon ne trouvent plus en forêt leur nourriture habituelle. Normalement, à l’automne, ils mangent énormément de glands, des châtaignes et surtout des noix de hêtre. Ça leur permet d’accumuler du gras et de la protéine avant d’aller se cacher pour entrer en hibernation. Mais avec le réchauffement climatique, il y a de moins en moins de noix de hêtre.

Tout au nord du pays, à Hokkaido, c’est le même problème. Les ours mangent, eux, normalement, les saumons qui remontent les rivières en automne. Mais ce phénomène est aussi déréglé par le réchauffement de l’eau des océans. Et donc, les ours doivent trouver ailleurs leur nourriture. Beaucoup n’ont pas accumulé assez de gras pour hiberner et ils passent l’hiver totalement éveillés à attaquer plus régulièrement des animaux mais donc aussi des humains. Il faut noter que les scientifiques commencent à observer ce phénomène des ours sans hibernation ailleurs dans l’hémisphère nord.

On débat peu du réchauffement climatique au Japon

Le gouvernement ne peut pas faire grand-chose contre ses attaques. Il n’y a pas vraiment de débat au Japon sur le réchauffement climatique. On en parle très peu ici. Le gouvernement fait donc surtout de la prévention. Dans plein d’écoles du pays, les enfants accrochent maintenant une petite cloche à leur cartable. Comme elle tinte tout le temps, cela effraie un peu les ours.

Les autorités vont aussi remonter les quotas de chasse pour réduire le nombre d’ours dans les préfectures où il y a le plus d’attaques. Et des villages ont aussi commencé à acheter des meutes de chiens d’ours de Carélie. C’est une race de chien de chasse, originaire de Finlande, qui est connu pour sa capacité à repérer les ours et à les effrayer avec ses aboiements.

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