Paris, ville fatale
Pierre Christin et Jean-Michel Arroyo ressuscitent les ambiances de "Bob le flambeur", le film de Jean-Pierre Melville. Pigalle 1950 est une ode au Paris d'après-guerre, quand les Corses régnaient au pied de la butte Montmartre.
Entre une aventure de science-fiction et un récit à connotation géopolitique, le scénariste Pierre Christin a toujours gardé le goût de l’évocation du Paris de sa jeunesse. Il en avait fait le décor des albums coréalisés avec la regrettée Annie Goetzinger. Il vient de retrouver un complice de choix en la personne de Jean-Michel Arroyo, dessinateur réaliste, au trait un peu suranné et fort séduisant.
Bienvenue à Pigalle
Nous voici donc dans les années 1950, à Pigalle, où les Corses font la loi. Personnages hauts en couleurs, images en dégradés de gris, Arroyo mélange du noir et du rouge pour peindre une capitale qu’il connaît mal, mais qu’il a beaucoup fantasmée.
"J’aime Paris, notamment le quartier Montmartre. Pour moi, il est beau, authentique et graphique. J’aime le Sacré-Cœur, l’avenue Junot avec tous ses hôtels particuliers, ses anciens ateliers art déco. Un charme que j’ai essayé de retranscrire dans mes planches."
le dessinateur Jean-Michel Arroyoà franceinfo
Le dessinateur a tout autant puisé dans les souvenirs de Pierre Christin. Paris en sort magnifié, un peu trop propre sans doute, idéalisé. Le récit, lui, est crépusculaire, fataliste.
"Antoine, quand il monte à Paris de son Aubrac natal, il ne lui arrive que des malheurs. Malgré ça, il reste intègre, droit dans ses bottes."
Jean-Michel Arroyoà franceinfo
Après avoir refermé cette BD, vous pourrez aisément vous imaginer à quoi ressemble le dessinateur. Il a beau s’en défendre, c’est en se regardant dans un miroir qu’il a dû imaginer le protagoniste de ce polar noir, tendre et glamour.
Pigalle, 1950, Arroyo-Christin, sous le label Aire Libre des éditions Dupuis.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Adabana, de Non, publié aux éditions Kana
Suspense, faux-semblants et ambiance trompeuse sont les maîtres-mots de ce manga. Dans une petite ville tranquille du japon, le corps démembré d'une lycéenne du nom de Mako Igarashi, est retrouvé près d'un lac. Très vite, Mizuki Aikawa, élève dans le même lycée que la victime, revendique les faits auprès des forces de police locales. Mais le doute s'invite progressivement dans la tête de ses avocats.
L’autrice nous donne l'impression de connaître les pensées de Mizuki, mais elle reste malgré tout une énigme. Impossible de savoir ce qu'elle pense vraiment et si ce qu'elle dit est vrai, le doute est toujours-là, notamment en raison du manque de clarté de ses déclarations. On est happé par cette histoire.
L'ambiance est machiavélique, les dessins très réalistes, les décors et les expressions nous font ressentir la froideur de certaines situations. Attention, ce manga n'est pas à mettre entre toutes les mains. Même si elles ne sont jamais gratuites, les scènes de violence physique sont explicites et très réalistes. Le viol et le harcèlement sont également abordés sans filtre.
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