Les Espagnols et leur histoire
Paco
Roca dessine avec douceur. Un trait réaliste, précis, quoique très légèrement
simplifié. Il ne craint ni les foules ni les gros plans mais cette touche
légère (comme on le dirait d'un peintre) lui permet d'aborder frontalement les
drames les plus rudes.
Des situations dramatiques, il n'en manque pas au fil
des 300 et quelques pages de La Nueve ,
la bande dessinée qu'il consacre aux républicains espagnols qui ont libéré
Paris. Oui, vous avez bien lu. Sans vouloir remettre en cause la formule
fameuse de de Gaulle : "Paris libéré ! Libéré par lui-même,
libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui de
la seule France", sans vouloir minimiser ce discours fondateur, il était
temps de rappeler que les premiers soldats réguliers à entrer dans Paris le 24
août 1944 étaient espagnols. Certes, ils se battaient sous l'uniforme français
et sous les ordres du général Leclerc. Mais tout de même espagnols. Et ce
n'était là que l'aboutissement d'un très long et douloureux combat contre le
fascisme.
Dans le livre, tout commence dans le port d'Alicante, en mars 1939.
Les regards sont las, les corps fatigués, l'espoir s'en est allé. La ville va
tomber aux mains des troupes franquistes. Pour raconter cette histoire, Paco
Roca interroge un survivant des heures sombres. Condamné à l'exil, déporté aux
travaux forcés, volontaire enfin pour reprendre les armes.
Paco
Roca, La Nueve , aux éditions Delcourt,
avec une préface d'Anne Hidalgo, qui n'était pas encore maire de Paris quand
elle fut invitée à préparer le lecteur à lire cet aide-mémoire en bande
dessinée.
Tout aussi passionnantes,
voici Les mains obscures de l'oubli .
Cava et Segui ont choisi la forme du roman noir pour aborder la violence
politique qui endeuille le Pays basque. Ils ne jugent pas, mais le point de vue
qu'ils ont choisi surprend. Ici, l'on suit les truands et les membres des Gal
dans leur sale guerre contre l'ETA.
Les mains
obscures de l'oubli .
Aux éditions Dargaud.
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